Isis, cette déesse éminemment solaire qui régna pendant trois millénaires, qui « a triomphé de la mort par l’amour », malheureusement réduite à son aspect lunaire par les Grecs, fut célébrée en Egypte, en Grèce et dans tout l’Empire Romain. Elle survécut au christianisme.
L’auteur a divisé son essai en trois parties. La première, L’amour d’Isis, traite « de la nature de cette divinité, la conception qu’en avaient les plus anciens adorateurs, son culte, ses mystères et son rayonnement ».

La deuxième partie « envisage les forces maléfiques qui s’opposent au règne de la déesse, sous la figure de Seth, le dieu jaloux et vengeur, le Yahvé de Moïse, prêtre renégat d’Héliopolis ». La troisième met en scène Isis « face aux persécuteurs du christianisme et de l’islamisme. De l’attaque du temple de Philae à la suppression des hiéroglyphes, du Moyen Âge des buchers à la mutilation du Sphinx, les adorateurs de la déesse sont pourchassés, emprisonnés ou tués. »
Jean-Paul de Lagrave, par une succession de tableaux brefs basés sur les textes anciens, l’art égyptien antique, les inévitables Plutarque et Apulée, dresse peu à peu le portrait complexe de la déesse à la joie et au rayonnement infinis. Dans la deuxième partie, il met en évidence les mécanismes religieux, sociaux et politiques de l’opposition du séthien Moïse au modèle pharaonique. Selon l’auteur, Yahvé présente toutes les caractéristiques de Seth, féroce, colérique, rigoriste, menaçant.
« Les antiques religions solaires, nous dit-il, présentaient dans l’ensemble un visage plus ouvert et plus accueillant que la religion dite monothéiste des Hébreux. Celle-ci culpabilisait ses fidèles d’une façon traumatisante et bien susceptible d’assombrir leur vie. Saint Paul (Saul de Tarse) devait être pour les chrétiens le théoricien implacable du « péché originel », et la hantise du péché sous toutes ses formes marquerait profondément le christianisme, issu du judaïsme. Or, l’âme du véritable croyant d’Isis était habitée par l’amour non par la crainte. »
Dans la dernière partie, Jean-Paul de Lagrave montre comment se mit en place peu à peu une véritable politique inquisitoriale hostile au culte d’Isis. Des foyers étonnants de résistance apparurent toutefois comme ces Blemmyes, derniers adorateurs de la déesse, Bédouins du désert de Nubie, qui résistèrent sept décennies à la Byzance chrétienne, maintenant une « religion joyeuse et douce » dont Isis était le cœur.
Et à travers Isis, c’est aussi la femme qui est atteinte et l’érotique joyeuse et réconciliatrice dont elle est l’initiatrice.
« Autant l’idéal égyptien d’une vie sensuelle manifestait une mystique de la beauté, autant les bûchers chrétiens, que la haine théologique du corps alluma en Occident, témoignent d’une véritable métaphysique de la torture. (…) De par son concept mystique du péché, l’Eglise chrétienne confiait aux bûchers, sans faire aucune distinction, tous les rebelles intellectuels, sexuels ou religieux. »
Ce livre, nécessaire introduction à une contre-histoire religieuse, invite à renouer avec l’enseignement de la Vallée du Nil, non dogmatique, non dualiste et lumineux.


Maison de Vie Editeur
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