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L’ouvrage de Jean Bousquet est le fruit d’un long parcours dans les traditions tant orientales qu’occidentales. Face au constat terrible des atteintes répétées à l’intégrité de la planète, il veut nous ramener à quelques fondamentaux qui font partie du patrimoine traditionnel de l’humanité qui nous permettent de nous extraire du conditionné et du mondain, ou, pour le moins, de prendre conscience de notre situation.

« Il existe, nous dit-il en introduction, une voie de conscience largement ouverte, un chemin vers une conscience vraiment vivante, pleinement humaine, active d’instant en instant à la manière d’un cœur qui bat. Le premier pas sur cette voie consiste à « prendre conscience » de notre inconscience quasi permanente, à l’observer attentivement, à ne pas la lâcher d’un pouce. Ce n’est pas un chemin qui va nous mener d’un point à un autre, d’un conditionnement vers un autre. Il ne s’agit pas d’une excursion mais d’une incursion ; il ne s’agit pas d’une découverte de paysages ou d’horizons nouveaux – fussent-ils estampillés « spirituels » - mais d’une révélation de ce que nous sommes réellement, avons toujours été, et serons toujours au plus profond de notre être. »

Grave et lucide sur ce qui nous réduit à l’esclavage, souvent volontaire, et sur les enjeux de l’époque, ses risques et ses possibilités, Jean Bousquet avec insistance et sobriété, indique les chemins possibles vers une conscience accrue de soi-même et de la vie plutôt que vers une « humanité augmentée » artificiellement. C’est par petites touches qu’il opère pour inciter le lecteur a laissé libre la place de la conscience pour l’être, un chemin vers le simple.

« Le vide, l’absence d’identification, libère la pensée de ses crispations ; il libère aussi le corps des tensions correspondantes. Le vide n’est rien, par définition ; n’étant rien, il est sans limites ; sans limites, il contient tout. Le vide, la chute dans le vide, devient peu à peu un art de vivre : l’art de vivre sans rien, sans être rien. C’est non seulement possible, mais beaucoup plus simple et facile que de s’acharner à exister tout en sachant, au fond de soi, que cette soi-disant « existence » n’est qu’une chimère, une invention, un enfant du mensonge et de la tromperie. Le vide, en moi, devient vacuité : il me « creuse », il installe en moi sa présence, un état de vacance, de disponibilité, de liberté sans choix, sans contrainte interne, sans objectif à atteindre, adaptable à toute situation quelle qu’elle soit. »

De nombreux binômes que nous mettons souvent en tension sont approchés, dualité et non-dualité, identification et identité, évolution et révolution, reddition et libération… afin de se dégager des crispations courantes par l’attention, le lâcher prise, une conscience fluide, ce qui n’exclut pas le plaisir mais un plaisir libéré de l’avidité, de l’attachement, un plaisir sans objet.

« La libération spirituelle, avertit Jean Bousquet, passe immanquablement par des actes posés en toute conscience, des engagements mesurés et conséquents. Chaque pas prépare l’envol, mais les pas, aussi nombreux soient-ils, ne peuvent suffire à eux seuls. Un élément mystérieux, très individuel et intime, doit être ajouté ; un levain seul capable de faire monter la pâte soigneusement pétrie. Ce levain est la soif spirituelle, réelle, authentique, puissante, inextinguible, qu’aucun enseignement, aucune pratique, aucune appartenance ne saurait faire naître ni étancher. Sans cette soif, toute pratique n’est que cadavre embaumé et décoré, répétition ahurissante, soporifique ; pain compact, indigeste, qui alourdit plus qu’il ne nourrit et élève. »

Jean Bousquet trouve les mots quand le langage même est par construction impuissant à dire le Réel. Parfois, il suggère, parfois, il convoque notre véritable nature.

Source: La lettre du crocodile 

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