Petit traité de sagesse sauvage

Françoise Lesage nous introduit à la sagesse profonde du Gion Shogi de Fuyo Dokai (1043-1118), un moine vivant dans l’isolement dans les montagnes de Chine.

Ce moine a voulu revenir à l’essence du zen, fuyant les complications, les débats et les rituels qui, au fil des siècles, avaient dilué la pratique du zen.

Il se réfugia dans un temple isolé en pleine montagne après avoir refusé les honneurs de l’Empereur et, plutôt que de vivre traditionnellement de la mendicité, il préféra être autonome et se nourrir de ce que lui et ses élèves produisaient. Cette autonomie matérielle, difficile à réaliser, est le reflet d’une autonomie spirituelle.

L’ouvrage commence par le texte lui-même dans une traduction réalisée par Maître Deshimaru. Le texte est court, dense et recèle un enseignement précieux que Françoise Lesage commente, mettant en évidence comment il répond à des interrogations actuelles : « quand les temps sont durs, et que les ressources deviennent rares, comment rester concentré sur la dimension spirituelle de notre vie ? »

Les paroles de Fuyo Dokai ne traitent que de l’essentiel et du partage en laissant le pratiquant seul face à lui-même dans l’accès permanent à l’instant présent.

« L’homme regarde la montagne, écrit Françoise Lesage, et la montagne regarde l’homme. Il n’y a pas de position supérieure, extérieure, pas de séparation. L’homme et la montagne sont en harmonie. L’endroit où l’on pratique et l’environnement sont sans séparation. Ce qu’on enseigne dans le dojo trouve son reflet dans la vie quotidienne. Ce que l’on vit au quotidien nous renvoie à la pratique. »

La recherche permanente de la simplicité vise la non-dualité. Le non-savoir, l’ignorance, une fois saisie, libère. La transmission est directe, hors histoire,

« Quelque chose est émis qu’on attrape, un émetteur, un récepteur. Mais on le dit souvent, l’information circule même si on a ou pas le récepteur, elle est là. La Voie, l’enseignement, c’est ce qu’on peut manifester, émettre de plus juste de nous-même dans l’instant, en harmonie avec le cosmos, et au-delà. C’est ça la transmission immédiate sans distance, et on est dedans. »

L’attention et la lucidité sont au cœur de la pratique. Elles permettent sa permanence, soit son actualisation d’instant en instant sans imitation, sans répétition, sans objectif, sans recherche de résultat.

« C’est tout l’enseignement de ce texte, nous dit encore Françoise Lesage, ouvrez les yeux sur ce qui vous entoure, nourrissez-vous dans la simplicité de ce qui vous est offert par la vie, la nature. Partagez cette richesse, car on n’est pas seul, laissez-en pour les autres ! Mais osez y goûter. »

 

Source: La lettre du Crocodile

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