Être conscient d’être conscient par Rupert Spira

Les textes brefs rassemblés dans ce livre sont le fruit des méditations, ou contemplations, guidées par l’auteur lors de rencontres ou de retraites ces dernières années. Le choix de la mise en page, laissant beaucoup d’espace entre les textes, concorde aux longs silences qui espaçaient les paroles énoncées lors de ces moments laissant libre la place pour le silence et l’être.

En introduction, Rupert Spira insiste sur l’épuisement auquel conduit une recherche du bonheur dans les expériences objectives répétées. Une fois cet épuisement saisi et compris, il est alors possible d’opérer un retournement.

« Lorsque l’on est venu à bout de l’expérience objective – incluant toutes les pratiques religieuses ou spirituelles conventionnelles qui préconisent la direction de l’attention vers un objet plus ou moins subtil, tel qu’un dieu extérieur, un maître, un mantra ou la respiration – comme moyen possible d’accéder à la paix et au bonheur, seule reste une possibilité : retourner le mental sur lui-même et investiguer sa véritable nature. »

Ce retournement vers l’essence conduit à saisir la nature même du mental qui est paix et félicité. Cette saisie de l’être, d’où l’objet est absent, a été élaborée tout particulièrement en une voie directe par la tradition védantique, selon l’auteur.

Rupert Spira a voulu dépouiller l’approche védantique de ses aspects culturels pour n’en conserver que la « quintessence ». Conscient des limites de l’exercice, mais aussi de tout ce qu’il offre, il veille à orienter au mieux le lecteur dans un double mouvement. « La voie orientée vers l’intérieur » doit s’accompagner de la réintégration d’une compréhension nouvelle dans l’expérience objective sous peine d’être pris dans un rejet très dualiste de la vie incarnée. « Reconnaître la nature transcendante de la conscience » n’est pas suffisant, il faut encore s’attacher à son immanence.

Voici quelques extraits qui illustrent tout l’intérêt de ce livre pour « désemmêler la conscience » :

« Être conscient d’être conscient constitue l’essence de la méditation. C’est la seule forme de méditation qui n’exige pas de diriger, de concentrer ou de contrôler le mental. »

« Nous ne pouvons pas devenir ce que nous sommes essentiellement par le biais d’une quelconque pratique. Une pratique nous permet uniquement de devenir quelque chose qui ne nous est pas essentiel. »

« La présence de la conscience irradie toujours avec le même éclat, derrière et au beau milieu de toute expérience. Toute expérience est saturée de sa présence. Il ne faut que se « retourner ».

« La Voie Directe – la voie sans voie de l’investigation du soi, du demeurer en soi ou de l’abandon de soi – constitue le moyen qui permet au mental fini de se dépouiller des limitations qu’il s’est imposé à lui-même librement – en tant que conscience – jusqu’à ce que sa nature essentielle, irréductible, indivisible, indestructible et imperturbable de pure conscience se révèle à lui telle qu’elle est. »

Source: La lettre du crocodile  

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