Une histoire de l’Europe païenne

Cet ouvrage aura demandé près de vingt années de préparation. C’est un long processus d’échanges, de rassemblement de matériaux et de réflexion qui a permis la rédaction de ce panoramique des cultures non chrétiennes en Europe.

Arnaud d’Apremont, traducteur, dans un avant-propos bienvenu à l’édition française, identifie les enjeux d’un tel travail :

« C’est donc à une véritable photographie – mais en réalité à beaucoup plus – de la géopolitique spirituelle actuelle de l’Europe que nous invite cet ouvrage, en appuyant ce regard sur de profondes racines. Il nous propose une vulgarisation didactique, accessible et sensible, sur un sujet peu traité. Peu traité, voire déformé, car son thème, le paganisme, a été longtemps au mieux mal compris, au pire disqualifié comme synonyme des pires turpitudes ou des « arriérismes » de la campagne, alors qu’il a nourri les grandeurs de l’art, de la culture et de l’esprit, des merveilles de l’Antiquité en passant par la Renaissance et jusqu’aux différents courants de pensée ou de création qui ont émaillé les Lumières ou d’autres périodes, comme le Romantisme et les Préraphaélites. »

« Dans le présent ouvrage, les auteurs portent un regard mesuré sur ce que fut l’histoire païenne de l’Europe, un regard empreint de compréhension et de tolérance, correspondant à ce que furent l’esprit du paganisme et ce qui s’est exprimé dans ce qu’ils appellent la foi double ou la foi duale : un mélange de paganisme humaniste et de christianisme administratif qui a, somme toute, été la caractéristique de l’univers spirituel et de sa pratique au cours d’une bonne partie de l’histoire européenne. »

Bien sûr, les spécialistes de chaque culture présentée de manière synthétique par les auteurs fronceront les sourcils à la lecture de ce livre en raison des simplifications, des sélections, des omissions, toutes inévitables dans un tel projet. Mais l’enjeu n’est pas académique, il s’agit de nous faire prendre conscience d’un héritage protéiforme qui imprègne notre histoire et nos réalisations européennes. Ce livre invite à un changement de regard, à la découverte d’un « autre univers mental », de « voies de sagesse et d’humanisme négligées ».

Les auteurs ont introduit l’ouvrage par une présentation du paganisme hier et aujourd’hui. C’est bien d’un paganisme vivant dont il est question. Ils abordent ensuite la question par grand secteur culturel et politique : Les Grecs et la Méditerranée orientale – Rome et la Méditerranée orientale – L’Empire romain – Le monde celtique – Les derniers Celtes – Les peuples germaniques – Les derniers feux de la religion germanique – Les Pays baltes – La Russie et les Balkans. Cette construction permet au lecteur de retrouver aisément des informations recherchées en fonction de ses intérêts du moment.

Le dernier chapitre de l’ouvrage aborde la réaffirmation du paganisme, ou plutôt des paganismes, par exemple avec « la réaffirmation des valeurs païennes sous la Renaissance » ou encore le « paganisme romantique ». Ils écartent le lien souvent répété entre « la grande chasse aux sorcières » et paganisme en développant plutôt le sujet comme une chasse aux femmes accusées de satanisme car considérées comme trop faibles pour résister aux avances du démon. Ils dénoncent la misogynie de l’époque mais aussi de tous ceux, chercheurs ou non, qui par la suite, se laissèrent abuser par cette vision trop commune. Ils écartent également une deuxième croyance répandue qui affirme que « le régime hitlérien en Allemagne (1933-1945) était d’inspiration païenne ».

L’index de fin d’ouvrage permet de faire des recherches par nom dans ce condensé d’informations qui reste agréable à lire malgré sa densité ce qui explique sans doute son succès dans les pays anglophones.

 

 

 

 

 

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