Entretiens spirituels et écrits métaphysiques de Jean-Marc Vivenza

Cet ouvrage rassemble plusieurs études de Jean-Marc Vivenza couvrant les années 2001 à 2016. Elles rendent compte du parcours de l’auteur et permettent de mieux discerner ce qui le caractérise que les études érudites très ciblées auxquelles il nous a habitués. Au cœur de la démarche de Jean-Marc Vivenza, au cœur de toute démarche initiatique réelle, se trouve la question ontologique du réel et du réel au-delà du réel. Jean-Marc Vivenza que l’on connaît surtout pour ses travaux sur l’illuminisme en général n’a pas oublié sa thèse sur l’œuvre de Nagarjuna ni ses explorations de la musique expérimentale.

L’une des entrées les plus intéressantes de ce livre est celle du futurisme et en conséquence des relations entre traditions et avant-gardes, Julius Evola étant un cas exemplaire. Il convient de le signaler tant l’alliance entre les unes et les autres, alliance à la fois naturelle et logique, continue à surprendre.

Les questionnements de Jean-Marc Vivenza, qui prennent appui aussi bien sur Maître Eckhart, Jacob Boehme, Joseph de Maistre que Martin Heidegger ou René Guénon, tracent un chemin, inévitablement incertain, mais un chemin tout de même, de la dualité à la non-dualité.

« Il ne s’agissait plus nous dit-il d’espérer en un quelconque régime ou éventuel système capable de résoudre les questions qui se posent, puisque l’origine du problème pour l’homme, mais aussi pour les civilisations et l’Univers lui-même, est un problème de l’« origine » ; la question, fondamentalement, participe d’une nature purement méta-ontologique. Voilà pourquoi, la seule attitude authentique, c’est-à-dire authentiquement en rupture, la seule position radicale qui nous apparut prendre le problème à sa source réelle, à sa « racine » effective, fut donc, uniquement d’ordre supérieur, elle relevait du spirituel et du transcendant, décidant dès lors de regarder d’où provenait l’essence de la détermination existentielle, en se confrontant à la cause première de la vocation destinale de toutes choses créées, au « nihil ». Approcher la non-dualité à partir de la dualité, inscrite en premier lieu dans le langage, constitue un défi et comporte un paradoxe, que l’approche négative permet de réduire, tout au moins en partie.

« Le propre de la tradition occidentale dans laquelle nous nous inscrivons qui ne se distingue en rien sur la finalité du cheminement spirituel d’avec les voies orientales – mais qui, évidemment, s’exprime en climat chrétien, et donc emprunte son vocabulaire théorique au patrimoine littéraire de la religion qui s’impose en Europe, participe de la perspective métaphysique qui dépasse, et de très loin, les formes et les cadres étroits avec lesquels sont tentés les rapports avec l’Invisible, puisque son but est d’entrer, par et dans le « non-être », en une négativité paradoxale qui nous révèle que la nuit est en réalité « lumière » à l’égard du monde, et qu’en elle s’effectue la génération transcendante, en un mode silencieux d’anéantissement, où la dimension, impensable, de « l’au-delà de l’Être et du non-être », aboutit au Rien suressentiel » qui est l’unique et véritable « vie éternelle ». »

Il y a, en filigrane ou en surexposition, la possibilité d’une voie directe, d’une immédiateté de cette « vie «éternelle » à la fois déjà et pas encore.

La première partie de l’ouvrage est formée d’entretiens spirituels sur « Voie spirituelle et pensée de l’Être », « Traditionalisme et doctrine de l’Illuminisme », « Esotérisme, initiation et ontologie ».

La deuxième partie traite d’ontologie fondamentale et notamment de la question de « L’Être éternel et infini, selon l’ontologie du Régime Ecossais Rectifié », également de « L’Infini métaphysique et la nature du « Principe unique » ». La troisième partie est consacrée à l’Illuminisme mystique et la pensée de Joseph de Maistre y est déterminante.

En annexe, le lecteur trouvera deux contributions très intéressantes, la première sur « Julius Evola et les avant-gardes, nihilisme héroïque et métaphysique de l’Eveil », la deuxième sur « Mise en lumière par Joseph de Maistre, de la nature du projet « religieux » révolutionnaire d’instauration d’une « contre-église », la dernière sur « L’origine de l’idée d’Infini en métaphysique chez René Guénon ».

L’ensemble, à la fois multiple et cohérent », donne à penser, c’est bien là sa finalité, et permet de mieux comprendre l’idée de cheminement initiatique dont la nature n’est jamais linéaire dans l’apparaître.

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