Voici un livre, écrit au début des années 90, et publié en cette année charnière de l’an 2000, qui intéressera tous ceux qui étudient ou pratiquent l’alchimie et plus particulièrement la voie du cinabre puisque le travail de Jean Deleuvre s’inscrit dans le courant des Frères Aînés de la Rose-Croix de Roger Caro. Il s’y inscrit doublement, par son sujet, mais également par la forme très pédagogique choisie par Roger Caro pour ses livres, forme que l’on retrouve ici.
L’auteur prend soin de rappeler le lien entre oratoire et laboratoire, entre ergon et parergon, l’un n’allant pas sans l’autre. Roger Caro qui a préfacé l’ouvrage sous son nomen de Pierre Phoebus avertit le lecteur de la dimension réelle de l’alchimie : Ecrire une Préface pour traiter d’un sujet aussi vaste, et si bien maîtrisé est un véritable plaisir. Ce livre n’a pas pour but d’enseigner l’alchimie, mais d’en conter son cheminement depuis les temps les plus anciens, pour en arriver à nos jours. Je pense que même le lecteur le moins passionné par l’alchimie devra se rendre à l’évidence que l’ART ROYAL est une philosophie qui a des lettres de noblesse plus qu’ancestrales. J’avoue avoir toujours été impressionné par tous ces récits qui nous parviennent du fond des âges et qui aboutissent tous à l’ART ROYAL. Dieu ne nous a jamais abandonnés ; la connaissance perdue nous est continuellement remise en mémoire par des Envoyés de Dieu (dieux eux-mêmes ou Prophètes ou Sages Philosophes). L’Alchimie est un sacerdoce et un lourd secret à garder. L’auteur reconstitue pour nous le voyage alchimique temporel depuis l’Antiquité. Ce voyage passe par l’Egypte, la Grèce, l’Inde, l’Arabie, nous fait traverser tous les fleurons culturels, religieux et traditionnels que l’humanité a pu générer. Il dresse le portrait de ces figures, réelles ou mythiques, des adeptes du passé. Mais l’intérêt majeur de ce livre réside dans les indications apportées sur la voie, dans le choix des citations et dans une série magnifique de photographies de certaines phases du Grand Oeuvre qui serviront le praticien. L’auteur laisse comme il se doit bien des pistes pertinentes, éclaire les principaux écueils. Au lecteur d’être sur ses gardes et de relever au milieu d’un paragraphe traitant de l’histoire ou au détour d’une anecdote, les quelques mots qui précisent la voie. Le chemin est serpentin. Il est donc fait pour un esprit serpentin. Extrait:
Nous avons essayé de démontrer que l’Alchimie est bien une expression de la Science Divine, connaissance profonde et fondamentale qui se perpétue depuis les temps les plus reculés à travers les civilisations, si disparates soient-elles. Les bouleversements terrestres n’ont pas interrompu la chaîne et il en sera certainement toujours ainsi. Nous savons encore que le Grand Oeuvre n’a pas pour but essentiel de fabriquer de l’or. C’est avant tout, à travers l’épuration du moi, l’art de comprendre la Genèse des mondes et la possibilité de recréer à l’échelle microcosmique. En un mot devenir, dans la plus simple humilité, le confident du Père par le couronnement de la connaissance et de la compréhension, car le sage connaît le devenir du monde et en comprend ses mystères. Croire ou ne pas croire n’est donc pas le plus important, il y a avant tout la connaissance. Cependant le futur adepte devra encore distinguer, s’il désire : Savoir pour savoir. Savoir pour mieux servir le prochain. Savoir, pour mieux servir Dieu. Mais le savoir de l’homme est peu de chose sans un travail opiniâtre et une confiance inébranlable. Les philosophes du passé sont unanimes à reconnaître que le Créateur n’accorde la connaissance qu’à certains élus, à ceux qui l’ont recherchée et méritée par un travail acharné, persuadés que la Vérité est Une et indivisible. Il ne peut donc en être autrement de la CHIMIE DIVINE.
Editions Ramuel, 225 rue des Princelles, 60640 Villeselve.