Amour et vérité

La philosophie se place-t-elle au-dessus de la théologie ? La foi, l’idéal platonicien et les écrits de Saint Augustin constituent-ils, dans la généalogie du christianisme, des fondements plus solides que la raison, les écrits d’Aristote et l’influence de Thomas d’Aquin ? Huit siècles de débats, de controverses, ont nourri, agité, et parfois divisé, philosophes et théologiens, entre le IVe et le XIIIe siècle. Au siècle dernier, ces questions semblent avoir trouvé leur acmé, lors de Vatican II, en 1965. Une sorte « d'aggiornamento », initié par Jean XXIII. Jean Borella avait alors trente-cinq ans.

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Justement, Jean Borella nous livre ici son analyse. Si « foi » et « raison » se chamaillent depuis bien des siècles : la métaphysique vient siffler ici « la fin de la récréation ».

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La connaissance est-elle à la vérité, ce que l’amour est à Dieu ?

Le monde moderne a pour idole la notion de progrès, c’est son dogme. Ainsi, par voie de conséquence, la technique, l’individualisme, l’hédonisme et la distraction sont devenus prépondérants dans nos vies. Or toutes ces « évolutions » tendent à réduire notre discernement et amenuiser nos capacités d’interprétation. Bref, réfracter notre sens critique et nous plonger dans un sommeil profond.

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La vie de l’âme, la vie tout-court, sont ennemies de la léthargie. Les Pères, malgré leurs fréquentes dissensions sont bien unanimes sur ce point-là.

Dans l’évangile selon Jean, on peut lire « Dieu est Amour, celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (Jean 4, 16). A travers différentes illustrations issues du Banquet de Platon, de l’interprétation qu’Origène fit de la parabole du Bon Samaritain, ainsi que l’extranéité (de Hegel), l’altérité (de Pascal) Jean Borella met en exergue l’inversion que certains interprètes ont pu faire de cette phrase.

« Dans l’expression Dieu est amour, le sujet est Dieu, l’attribut est amour ; cela ne signifie pas que l’amour est Dieu. C’est non seulement une réduction, mais aussi une inversion…» affirme t-il.

Selon lui, cette dérive sémantique, et philosophique, est symptomatique de notre époque : elle poursuit une logique d'entropie qui ne conduit qu’à la mort de l’âme. « Or toute vie est néguentropie ! ».

« Aime ton prochain comme toi-même… Mais qui est mon prochain ? » Cette question, simple et profonde à la fois, fut posée à Jésus par un pharisien. Jean Borella y répond de la façon suivante : « le prochain que nous devons aimer ne désigne pas statiquement quelqu’un, c’est un mouvement d’approche, une relation de proximité, et c’est cette relation de proximité qui désigne le prochain en tant que tel. Cette relation, c’est le Christ qui l’établit, comme médiateur prototypique qui fait le lien entre tous les hommes… ».

Cette fraternité est donc conceptuelle. Pondérée. Aucunement affective, ni sociale.

Dans la somnolence intellectuelle qui prévaut depuis quelques temps, qui foule et refoule la différence – pourtant fondamentale – entre horizontalité et verticalité, psychologie et spiritualité, Jean Borella nous donne ici des clés de compréhension claires. Et d'une grande profondeur.

Son ouvrage « Amour et vérité » est paru il y a quarante ans. Son approche, qu’il qualifie lui-même de « métaphysique de l’altérité » est par essence atemporelle : or, paradoxalement, son ouvrage est on ne peut plus d'actualité…

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