Parmi tous ceux qui invitent au silence, soit parce qu'eux-mêmes l'ont trouvé soit parce que c'est à la mode dans un monde spirituellement incertain mais commercialement performant, le bénédictin Anselm Grün est l'un des rares à parler librement et d'expérience, sans arrière-pensées.

Anselm Grün ne cherche pas à nier ou effacer l'ombre en nous, il ne nous demande pas de contrôler l'intranquillité. Il nous propose plutôt de retrouver l'axe de l'Être qui jamais ne nous a quitté, qui demeure, dissimulé derrière les replis de l'ombre, sous le flot agité de l'intranquillité, par la méditation, la présence, l'attention, la joie, la prière.
Encore une fois, ce livre-compagnon s'adresse moins à l'intellect qu'au corps. Il propose moins une réflexion qu'une posture, un enrichissement qu'un dépouillement. Il met en garde contre la signification profonde de l'adaptation à un monde malade. Il rappelle que la voie est simplicité.
"Les moines, dans leur chemin vers la sérénité du cúur, reprenaient à leur compte des méthodes et des idées pratiquées déjà par les écoles philosophiques grecques. Pour les Grecs, la question la plus importante était de savoir comment parvenir au vrai bonheur. Pour la philosophie, le bonheur ne se trouve pas dans les biens matériels mais " dans un état de calme harmonieux et inébranlable ". Le chemin vers le repos passe par une bonne gestion des affects qui agitent notre âme. Il faut ne pas se laisser ébranler mais canaliser ses émotions pour les mettre au service de la seule apparition à Dieu. Les Pères de l'Eglise ont repris aux philosophes stoïciens l'apatheia (absence de passions) et l'ataraxia (tranquillité inébranlable) qu'ils ont intégrées à la gnôsis chrétienne. Ainsi pour Clément d'Alexandrie, l'idéal de la paix de l'âme n'est accessible que dans l'union mystique avec Dieu. Le chrétien ne peut y arriver par ses seuls moyens, il lui faut l'aide divine. Evagre le Pontique suit la tradition de Clément d'Alexandrie et d'Origène qui ont tissé des liens entre, d'un côté, la théologie et la spiritualité chrétiennes et, de l'autre, la philosophie grecque. Pour Evagre, le moine a pour objectif la contemplation, la paix en Dieu. L'apatheia est le moyen d'y arriver. Toutes les méthodes de l'ascèse monastique visent à atteindre cette apatheia. Elle n'est pas l'élimination des passions mais paix intérieure qu'aucun affect ne trouble plus. Dans l'apatheia, le moine est libéré de l'attachement pathologique aux passions (aux logismoï). Elles ne l'ébranlent plus puisqu'il les a mises au service de son aspiration à Dieu. Il canalise l'énergie désordonnée des passions en direction de Dieu."
Livre de réconciliation au service d'une réintégration de son état originel.

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