Jean Markale emprunte de nouveau pour nous les chemins détournés pour nous révéler cette Bretagne qu'il aime tant et à qui nous devons tant.
Mais ce livre qui nous rappelle en quoi les légendes portent la sève même de nos réalisations passées, présentes et futures, est aussi un livre militant qui réclame une nouvelle alliance avec la nature et les forces qui la composent.
Des mégalithes à la cité d'Is, Jean Markale fait vivre sous sa plume les créatures du mystère, les dieux et les déesses, comme les figures d'Arthur et de Morgane, toujours présents en terre bretonne pour qui sait les trouver.
Si le livre intéressera le simple amoureux d'une des plus belles terres d'Europe, il éveillera aussi la sagacité du chercheur de Tradition, par exemple quand Jean Markale nous parle de Sainte-Anne dont le culte prolonge, évoque, celui de la déesse-mère des Commencements :
"Or, ce n'est pas la moindre surprise, anus signifie "vieille femme". Pourquoi ? Parce que la divinité primordiale était une femme, une très vieille femme, bien entendu. La terminaison -us prêtait-elle aussi à confusion (surtout dans la quatrième déclinaison latine à laquelle appartient le mot anus) et la déesse est devenue un dieu mâle. Janus- Dianus est donc en réalité une divinité féminine, la res prisca. Et que dire de la quasi homophonie entre le latin Anus et le nom de sainte Anne (Ana ou Dana, ou Danu en irlandais, Dôn en gallois, Anna en latin et en breton) ? Quand on sait que sainte est la grand-mère donc une "vieille femme", on peut douter qu'il ne s'agisse que d'une simple coïncidence. Anna, telle qu'elle est honorée à Sainte-Anne-d'Auray, n'est peut-être pas autre chose qu'une ancienne Di-Ana ravalée au rang subalterne de la grand-mère d'un petit Jésus-Dieu. Mais dans ce ca, elle joue le rôle que jouait Cybèle dans la mythologie du Proche-Orient, le rôle de "mère des dieux".