Jean Delville, peintre martiniste, théosophe et franc-maçon

Daniel Guéguen nous a offert récemment un remarquable ouvrage consacré au peintre injustement ignoré, Jean Delville (1867 – 1953). En effet, si, parfois, Jean Delville est hissé au niveau d’un Félicien Rops ou d’un Fernand Khnopff "au panthéon de l’art belge fin-de-siècle" sa notoriété n’est pas ce qu’elle devrait être, trop souvent négligée par les médias comme par les spécialistes de l’art. Pourtant, son œuvre est considérable, magnifique, reconnue par les plus grands musées qui ont acquis certaines de ses œuvres.

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Malgré un prix de Rome belge de peinture, malgré son influence certaine et la reconnaissance de ses pairs, il demeure ignoré. Est-ce là le prix à payer pour les "Supérieurs Inconnus" ?

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Contemporain de Joséphin Péladan et des Salons Rose-Croix

Poète, esthète, philosophe, journaliste, polémiste, critique, scénariste, éditeur, promoteur d’art, militant engagé et, bien sûr, peintre, est-ce cette multidisciplinarité qui déroute et dérange ? Très actif et très présent dans les médias jusqu’en 1930, il semble disparaître dès 1931-1932.

Les deux seules biographies existantes de Jean Delville étaient, jusqu'à présent, très incomplètes. La première, rédigée par son fils Olivier Delville, publiée en 1984, minimise largement la vie initiatique de Jean Delville, une "vie" qui, pourtant, imprègne son œuvre et influence tout un pan de sa vie. La seconde, de Brendan Cole, fut publiée en 2015 et tombe dans des travers semblables.

Ici, face à la journaliste Caroline Chabot, Daniel Guéguen témoigne et établit un portrait-vérité de Jean Delville: initié, libre, et artiste. Il démontre combien les mots et les étiquettes sont impropres à qualifier une œuvre en général. Plus encore, il invite à redécouvrir la relation étroite qui existe entre art et ésotérisme.

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Art, ésotérisme et esthétisme

En suivant Jean Delville dans sa vie initiatique, Daniel Guéguen jette un éclairage inédit sur l’œuvre de l’artiste. Il en est ainsi de ses relations avec Péladan, Papus, et Stanislas de Guaïta, la guerre des Deux-Roses et les Salons de la Rose-Croix. Jean Delville, franc-maçon, est un grand martiniste. "Il est, nous dit Daniel Guéguen, profondément martiniste et le restera toute sa vie". 
Jean Delville fut donc martiniste, franc-maçon mais aussi théosophe, ce qui n’était pas rare à l’époque. Remarquons, avec Daniel Guéguen, que Jean Delville fut d’abord martiniste puis, théosophe et enfin franc-maçon. Il entre en Franc-maçonnerie pour promouvoir le martinisme et finalement pour "restaurer" la Franc-maçonnerie, une idée très "papusienne". Jean Delville, comme théosophe, fut par ailleurs confronté à l’affaire Krishnamurti. A savoir, le renoncement de Krishnamurti aux "fonctions" qu’une partie du mouvement théosophique voulut lui faire endosser, qui bouleversa Jean Delville.
Il vécut cet épisode comme un abandon, dont il ne se relèvera que par la rencontre en 1930 d’une jeune femme, Emilie Leclercq, avec qui il vécut une relation fusionnelle et créatrice qui le conduisit à s’éloigner de sa famille.
Ce magnifique entretien offre une part belle aux œuvres de Jean Delville, œuvres majeures ou moins importantes. Inscrites dans le mouvement très libre de l’initié, elles retrouvent une force propre, moins objet d’art que célébration ou révélation de l’intimité spirituelle.
Un entretien, un ouvrage, une vision de paix qui constituent incontestablement "le testament initiatique de Jean Delville", une œuvre remarquablement puissante par son message. "L’œuvre, nous-dit Daniel Guéguen, exprime, comme souvent chez Jean Delville, la vie harmonieuse, l’importance de l’Amour, le rejet des croyances dogmatiques, l’élévation progressive de l’homme vers la spiritualité."

Texte : Rémi Boyer

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