La démonologie est une discipline interdisciplinaire qui s’est cristallisée à l’époque de la « chasse aux sorcières » révélant les pathologies et obsessions non des sorcières et sorciers mais des démonologues catholiques comme protestants de l’époque.
Le texte de Siegfried von Rosenberg ne traite pas de cette discipline mais d’un parcours de vie aux frontières du visible et de l’invisible. L’auteur présente une capacité médiumnique depuis l’enfance. Pendant des décennies, il a mis cette capacité au service d’une pratique assidue de la magie. Il témoigne de certaines de ses expériences dans ce livre avec beaucoup de sincérité et de distance. L’ouvrage peut se lire comme un roman ou une leçon de sagesse mais également comme une matière précieuse pour ethnologue. Certains passages ne manqueront pas de réveiller des souvenirs chez le lecteur.
« Je fréquentais un petit groupe d’occultistes et de chercheurs parisiens depuis quelques mois. L’ambiance de nos rencontres étaient sympathique et nous avions pris l’habitude de nous réunir dans "Le Petit Bistrot", un café bien français face à la Tour Saint-Jacques dans le quartier de l’Hôtel de Ville. A cette époque, il y avait encore un grand nombre de librairies ésotériques au centre de Paris, comme la librairie Arcane XXII, dans la rue des Lombards, la librairie du Graal rue Jean-Jacques Rousseau ou encore, sur l’autre rive, la librairie de la Table d’Emeraude, rue de la Huchette dans le quartier Saint-Michel, mais aussi de nombreux bouquinistes et soldeurs. Ces quartiers parisiens étaient l’épicentre des activités des occultistes depuis le XIXe siècle et de nombreux endroits comme la Tour Saint-Jacques, l’église Saint-Merry et d’autres lieux moins connus, attiraient les curieux comme les gens qui en connaissaient la portée et les influences. Nous y faisions parfois de bonnes comme de mauvaises rencontres. »
Envoûtements, possessions, maisons hantées, rencontres d’entités peu engageantes… constituent certaines des expériences relatées par l’auteur qui donnent ce conseil au lecteur :
« Si les récits précédents vous ont semblé fantastiques et peu plausibles, demeurez dans cet état d’esprit, car plus vous serez matérialiste et cartésien, moins vous percevrez l’existence de ces entités sombres qui vivent tout autour de nous. Croyez-moi, percevoir et vivre ces choses n’est pas toujours enviable. »
Les témoignages de Siegfried von Rosenberg permettent d’approcher, approcher seulement, la nature et la fonction d’entités que nous qualifions volontiers de démoniaques ou pour le moins de négatives.
« Être confronté à ces forces est inévitable dans une voie magique comme mystique, conclut-il, cela fait partie du processus d’initiation et des défis à relever. Il reste que le but est d’en tirer de l’expérience pour grandir et avancer vers le Divin et non pour en tirer un pouvoir, au demeurant totalement illusoire en se croyant le seul créateur de notre réalité. L’intelligence du diable est de faire croire qu’il n’existe pas. »
Source : La Lettre du Crocodile
