De la porte basse à la porte étroite

De nouveau disponible, ce texte majeur de Claude Guérillot, dédié à Robert Amadou, dessine, en trois pas, un vaste tableau de la spiritualité occidentale et de ses chemins.

Claude Guérillot commence cet essai par une clarification des concepts d’initiation, véritable sujet du livre, et d’ésotérisme.

« L’initiation, nous dit-il, est, d’abord, une quête de l’homme, soi et l’Autre, pour en admettre avant de la comprendre, la transcendance de l’être par rapport aux représentations que nous nous en formons. Ses moyens, dans toutes les voies initiatiques, seront les mêmes : l’étude, la méditation, la purification des mœurs, l’effort sur soi-même. Aucune voie initiatique n’est, même si certains l’ont prétendu et le prétendent encore, formée de cérémonies sacramentelles. La Foi est un état – certains disent une grâce –, l’Initiation est une action entreprise par un être humain qui accepte une "influence spirituelle", celle de ceux qui l’ont précédé dans la voie qu’il a choisie. L’Initiation passe par le franchissement de la "porte basse", que l’on passe courbé, en signe d’humilité et de dépouillement. Elle conduit devant la "Porte Etroite", au franchissement de laquelle "Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus", et au-delà de laquelle personne ne peut se targuer d’avoir été admis. »

 

Il porte trois regards sur le monde de l’initiation, regard exotérique et regard historique, avant de prendre le chemin de l’essentiel par le regard gnostique.

Le premier pas, le plus court, insiste sur le sens des mots, la fonction du rituel, l’initiation dans ses généralités. Par le deuxième pas, conscient des limites de l’histoire, Claude Guérillot part des premiers Mystères, ceux d’Eleusis pour nous conduire au christianisme comme Ordre initiatique, en passant par l’apport si important de l’Ordre de Mithra. Ce cheminement lui permet de dégager les constantes et les buts de l’Initiation et d’introduire le lecteur à la Gnose.

Ce troisième pas gnostique nous guide vers la Sainte Montagne après être descendu dans la caverne par l’étude et l’activation des symboles et en évitant les pièges de l’idolâtrie et les dangers de l’ésotérisme.

« Si Dieu est inconnaissable, indéfinissable, inaccessible à l’homme, l’inverse n’est pas vrai. Dieu se manifeste à l’homme par Sa Parole. Il intervient, dans le monde naturel, par Ses théophanies et dans le monde épinaturel par Ses théurgies, ce que les Chrétiens appellent la grâce et ce qui se répand par la structure des Séphiroth pour la mystique juive. »

Un chapitre particulièrement intéressant, intitulé Les poèmes du Serviteur, propose une méthode, ouverte, de méditation et d’étude, d’imprégnation et d’analyse, des textes traditionnels à partir des lectures possibles de ces poèmes présents dans le Livre de Isaïe.

« Le chemin vers l’Initiation, écrit encore Claude Guérillot, est comparable à l’ascension d’un sommet vertigineux, celui de la "la Sainte Montagne". Il faut d’abord s’équiper, se préparer, se charger d’un matériel bien lourd. Il faut d’abord s’épuiser en une longue marche d’approche qui deviendrait excessivement dangereuse à qui l’entamerait seul. C’est alors que l’aide d’un Ordre initiatique, de Frères qui accueillent et soutiennent "le commençant" est absolument indispensable. (…) 

Un jour, après des années d’efforts soutenus, l’Adepte arrivera au pied du Sommet, toujours caché par les nuages de notre finitude. Alors, il devra s’élancer seul, jouant son âme dans cet effort comme celui qui veut gravir un Himalaya invaincu joue sa vie dans l’ultime ascension. »

Source : La Lettre du Crocodile

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