Voici une très belle réimpression de l’édition de 1920 de ce classique de l’occultisme, un texte rédigé en 1861 par Eliphas Lévi à l’intention de son disciple le baron Spedalieri.
La première partie de l’ouvrage est consacrée à la Prophétie d’Ezéchiel dont l’importance est considérable à la fois sur le plan de la pratique théurgique et sur le plan métaphysique. Eliphas Lévi tente « une analyse et une explication kabbalistique de la prophétie ». Il commente le texte, ligne par ligne, en puisant dans la science des nombres et des lettres de la Kabbale mais aussi dans le symbolisme traditionnel. Les animaux sont envisagés comme hiéroglyphes à décrypter. Les dessins, très soignés, servent aussi bien l’analyse que la méditation. Le travail d’Eliphas Lévi permet d’appréhender le Temple de Salomon comme Temple de l’Homme accompli, soit comme Corps de Gloire.
La seconde partie est consacrée à l’Apocalypse de Jean, tout aussi puissant par son symbolisme. Il insiste particulièrement sur les sept églises, les sept sceaux, les sept trompettes et les sept coupes. La dimension alchimique interne, toujours dans le cadre d’une voie du Corps de Gloire, semble évidente pour Eliphas Lévi, à la croisée de la théologie chrétienne et de l’hermétisme.
Ce travail, mais d’autres également, démontre la volonté et la capacité de Lévi à chercher les structures derrière les formes pour identifier, déjà, un langage traditionnel libéré de la forme culturelle ou religieuse.
Le texte est tout aussi précis et profond que les dessins. Il demande une attention soutenue pour un voyage plusieurs fois répété dans les images vivantes qu’il suggère. Eliphas Lévi glissent des clés ici et là, indiquent les portes mais nous laisse les ouvrir.
Ce classique de la littérature occultiste mérite d’être sans cesse redécouvert. Il ne faut pas se contenter des commentaires afin d’aller chercher l’expérience profonde à laquelle le texte conduit.
Source : La Lettre du Crocodile