La conscience éveillée

Cet ensemble d’instructions spirituelles, de témoignages inédits et d’entretiens est particulièrement précieux. Nous le devons à Patrick Mandala qui présente, traduit et annote cette composition choisie.

L’ouvrage débute par un avant-propos de Douglas Harding qui évoque les différences et les rencontres sur le fond entre Râmana Maharshi et Jiddu Krishnamurti, deux maîtres de la non-dualité. Si la finalité, l’éveil, est la même, les chemins diffèrent même s’ils se croisent. Douglas Harding insiste sur la nécessité de ne pas confondre les chemins. Il met en évidence les points d’accord comme l’affirmation que le seul refuge est intérieur. Il indique aussi les divergences. Par exemple, quand Râmana Maharshi, proche en cela de Nisargadatta nie l’existence d’un mental, Krishnamurti invite à le questionner afin de se comprendre, de connaître nos conditionnements. Douglas Harding établit que les pratiques qui en découlent diffèrent nécessairement.

L’idée de ce livre est née de la proximité entre les disciples de Krishnamurti et ceux de Râmana Maharshi qui se visitaient régulièrement.

« Si Râmana est un non-guru suprême ; maître accompli comme pur témoin, écrit Patrick Mandala, Krishnamurti est un non-guru sans pareil, maître de la négation, « insoumis de l’esprit » - révolutionnaire. S’il affine le langage verbal presque à la perfection du silence, celui-ci est une conversation constante avec Râmana. Tous deux sont totalement impersonnels, intrépides et libres de toute contrainte, de toute autorité doctrinale. Krishnamurti dit : « Questionnez, entrez dans le questionnement » et Râmana dit : « Demandez : " Qui suis-je ? " et plonger à la source du " Je ". »

La première partie est consacrée aux méthodes d’enseignements des deux sages. La question, la question comme réponse, la contre-question, le paradoxe, le silence comme langage sont autant de moyens d’un arsenal destiné à créer des intervalles dans le paraître.

La deuxième partie du livre rassemble dix-neuf satsang inédits avec Râmana Maharshi à partir de sa question centrale : « Qui suis-je ? ».

Extrait :

« C. Dâs : Yoga signifie « union », n’est-ce pas, mais l’union de quoi avec quoi ?

R : Tout à fait. L’union implique une séparation [viyoga] préalable, puis une réunion [samyoga] de ce qui a été séparé. Posez-vous la question : « Qui doit s’unir à qui ? ». C’est vous qui cherchez l’union à quelque chose. Vous voyez ce quelque chose comme séparé de vous. Vous êtes conscient du Soi. Trouvez-Le et soyez-Le ! Il est expansion infinie. Aussi, toute question de yoga, etc., est-elle vaine et inutile. Car : pour qui est la séparation ? Trouvez-le ! »

 Suivent quatre textes : La conscience éveillée selon Râmana et Krishnamurti de Robert Powell – Krishnamurti de Maurice Frydman – L’énigme qu’est Krishnamurti – par le Dr Susunaga Weeraperuma – Investigation et identité par Swâmi V. Ganesan, le petit-neveu Râmana.

La troisième partie rassemble des dialogues avec Krishnamurti, son poème de 1928, L’Ami immortel et des écrits, les Petites Pièces.

« La pensée peut construire une image du silence et s’y conformer, l’adorer, comme elle le fait pour tant d’autres images qu’elle a construites, mais son expression par le silence en est la négation même ; ses symboles sont la négation de la réalité. La pensée elle-même doit être immobile pour que le silence absolu soit.

Le silence est toujours dans le présent, contrairement à la pensée. La pensée est toujours le reflet du passé, ne peut pas entrer dans ce silence absolu et toujours nouveau. »

Non-dualité, voie directe, nous touchons là l’efficience remarquable d’un art minimaliste de ces enseignements originaux et pourtant traditionnels.

Source: La Lettre du Crocodile

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