Jean le Baptiste, le passeur de lumière

Pascale Léger nous entraîne dans les pas de Jean le Baptiste, une figure qui l’accompagne depuis l’enfance, associée à la tension entre Salomé, « la beauté séductrice » et Marie-Madeleine « la beauté paisible ». Le livre est à la fois intimiste et porteur de connaissances.

Parmi les proches de Jésus, il est le seul que nous pouvons suivre de la naissance à la mort, remarque Pascale Léger, à travers les écrits des quatre évangélistes dans lesquels il est très présent. Très présent, il le sera aussi plus tard dans l’iconographie chrétienne et particulièrement chez les peintres de la Renaissance italienne. La peinture est très présente dans ce livre, pour illustrer, souligner, induire, parfois démontrer.

C’est ce parcours de vie, une vie brève, intense, exceptionnelle pour ce que nous en savons, que Pascale Léger veut restituer de manière vivante en nous sortant de la prison des clichés qui figent les événements marquants ou marqués de sa vie, sa vocation étant « décidée avant sa naissance », rappelle-t-elle.

Jean est d’abord un ascète, un ascète du désert peu attiré par la vie agitée et fastueuse du Temple. Il manifeste l’inconditionnalité qui caractérise celle ou celui que nous désignons aujourd’hui comme « éveillé ». Ce retour à soi que favorise le désert, temps de gestation et de libération, est pour Jean une préparation à l’accomplissement de sa vocation. Il cherchera à sortir de la torpeur, à réveiller, parfois avec violence, ceux qui sont pris dans les filets d’illusion d’une société considérée comme décadente.

Bien entendu, Pascale Léger développe le thème du baptême qui fait de Jean davantage qu’un simple prédicateur comme il y en a tant. Il opère, nous dit-elle. Il opère jusqu’à l’arrivée de Jésus qu’il baptise, s’effaçant afin que Jésus accomplisse sa mission et s’accomplisse. Nous avons là les deux fonctions initiatiques de Jean, le baptiste et le passeur.

Mais d’autres fonctions apparaissent, neuf, à travers ce que Pascale Léger désigne comme « les différentes images de Jean : « le nazir » ou « consacré à Dieu », l’Essénien, « le nouvel Elie », « une voix qui crie dans le désert », « le témoin », « l’ami de l’époux, « le maître ou le rival de Jésus », « le porteur de joie », « je ne suis pas », « l’ange intercesseur », « Jean vu par l’alphabet hébreu », « le premier saint céphalophore ». Chacune de ces images est interrogée, par exemple l’image qui fait de Jean « le maître ou le rival de Jésus ». Certains envisagent Jésus d’abord disciple de Jean avant qu’il ne s’éloigne. Une concurrence entre Jésus et Jean a pu même être affirmée. Pascale Léger observe plutôt une complémentarité, les deux phases d’un unique mouvement de lumière.

Puis vient le drame, l’emprisonnement de Jean qui conduira à sa décollation. La décollation qui peut être dans les traditions une condamnation et une déchéance peut aussi être signe d’éveil, de libération des contingences humaines, d’accès à la totale liberté de l’Esprit.

La dernière partie de l’ouvrage traite de la permanence de Jean le Baptiste dans le christianisme, romain ou orthodoxe, et de la place considérable qu’il tient dans l’art.

En conclusion, Pascale Léger invite le lecteur à cheminer avec Jean-Baptiste :

« Il peut nous inviter à cultiver en nous les qualités qu’il a si bien développées, l’humilité et la fidélité. Si on l’a surnommé « le cantonnier du Christ », c’est bien parce qu’il a dégagé le chemin. Il peut nous aplanir, nous simplifier, dégager notre chemin intérieur des mauvaises herbes de l’orgueil, de la jalousie, de la peur, de l’indifférence et nous aider ainsi à retrouver notre véritable nature qui est lumière. Il nous aide à rencontrer le Christ à l’intérieur de nous. »

 

Source: La Lettre du Crocodile

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