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Renée Mulcahy, historienne spécialisée dans l’art de la Renaissance en Italie, nous enseigne, dans cet essai passionnant, une langue visuelle, secrète et oubliée, utilisée par les grands maîtres pour inscrire des messages discrets dans leurs peintures.

Les chefs d’œuvre étudiés sont de Botticelli, Léonard de Vinci, Michel Ange, Raphaël, Giotto, Vasari, Pisano, Mantegna, entre autres. Elles sont visibles pour la plupart dans les musées de Florence, notamment la Galerie des Offices. Ce procédé a permis aux peintres d’offrir un sens évident obéissant aux règles imposées du moment par l’Eglise de Rome et une sagesse, un sens caché réservé aux initiés, souvent hérité de traditions préchrétiennes, comme les mystères de Mithra. Mais les peintres ne sont pas les seuls acteurs de cette transmission. Leurs mécènes et commanditaires, notamment les Médicis parmi d’autres grandes familles, partagèrent souvent cette volonté de préserver des enseignements anciens ou simplement de signifier qu’ils connaissaient ce langage visuel et sa fonction.

« Ces signes, symboles et gestes discrets que les maîtres artistes glissèrent dans certaines de leurs compositions ont traversé le temps grâce au soin d’hommes et de femmes instruits, membres des sociétés secrètes. Aujourd’hui, les musées et les œuvres d’art en témoignent.

En raison du caractère secret de cette pratique et de l’absence d’écrits, les hypothèses et conclusions sont innombrables et laissent la porte ouverte à de nouvelles observations et études. »

Chaque chapitre, richement illustré, étudie un signe particulier : signes de la main très souvent mais aussi position des jambes, des pieds et combinaison de ces signes.

Renée Mulcahy commence avec un signe très présent, la main sur la gorge, signe du silence. Le positionnement des doigts dans la peinture comme dans la sculpture fait sens. Le signe « pied contre pied » indique l’union. Certains signes portent un sens propre, d’autres doivent être reliés entre eux pour être explicités ou doivent être interprétés dans le contexte des couleurs, particulièrement la couleur verte, des formes géométriques ou d’autres symboles.

Souvent, ces signes sont associés aux fraternités de métiers, principalement les charpentiers et les tailleurs de pierre, représentés dans les peintures ou juste évoqués à travers un signe de reconnaissance, comme les manches retroussées. Il y avait bien entendu des relations étroites entre les artistes, leurs fraternités, et les corporations, ne serait-ce que par nécessité.

Souvent, l’observation de gestes peu naturels doivent nous alerter. S’ils ne s’inscrivent pas dans la pause alors, très probablement, ils véhiculent un sens singulier.

« L’élite initiée, nous dit l’auteur, s’efforça par tous les moyens imaginables de commander des portraits susceptibles de conserver et de cacher le langage visuel secret dans l’art au moyen de différents gestes. »

C’est ce « langage vert » auquel nous introduit Renée Mulcahy avec autant d’érudition que de passion, un langage qui permet une autre lecture des œuvres et de remarquer comment ces œuvres peuvent parfois nous renvoyer des unes aux autres jusqu’à délivrer un message, parfois un enseignement condensé.

 

Source: La Lettre du Crocodile

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