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Avec Patrick Rodner, nous entrons dans la belle philosophie chrétienne telle que le Rite Ecossais Rectifié peut la transmettre et la révéler. Il s’agit bien de Beauté, cette Beauté qui rend les traditions vivantes et les empêche de se dessécher dans quelque intellectualité ou radicalité. Une Beauté souvent synonyme de Liberté.

Il remarque, avec l’étymologie, que le « lieu » est aussi la « lumière » faisant ainsi de la loge « un tracé de lumière » et souligne les sens du mot « trace », empreinte, guide, limite…

« C’est pourquoi il n’y a pas de Loge, ni rien de sacré dans aucun « local » tant que la Lumière n’a pas été invoquée et qu’elle n’a pas matérialisé, sur sa limite, le tracé du sacré et du profane. »

Patrick Rodner part des mots, des symboles, des signes et des mouvements propres au Régime ou Rite Ecossais Rectifié pour nous conduire vers les principes chrétiens et les choix doctrinaux (non dogmatiques) que le rite véhicule à travers une progressivité remarquable. C’est une véritable métaphysique qui se déploie au fil des grades avec une rare cohérence qui mérite toujours d’être retracée et mise en évidence. Ce qu’il fait à travers les thèmes abordés : le temps maçonnique, le travail maçonnique au RER, les maximes, Jakin et Phaleg, la symbolique de l’épée, la fraternité, la mort, la rectification, la libération, car le RER est bien une voie de libération de l’être nous est-il justement rappelé.

Le chemin proposé se garde des compromis avec les formes pour tendre invariablement vers la source.

« Dans le projet rectifié, il est plutôt question d’un ressourcement dans un au-delà des formes établies, qui ne dessine plus de contours trop précis, et qui laisse place à la pure illumination de l’essence christique du Logos. C’est ce qui fait qu’à l’homme de désir, qui se met en chemin sur la voie rectifiée, il sera seulement exigé sa fidélité au Christ, mais à aucun christianisme en particulier. »

A travers ce qu’offre le Rite Ecossais Rectifié comme matières, outils et orientations, il n’est finalement question que de l’œuvre de l’Esprit, de Grâce et de Liberté.

Cette Liberté « n’est rien de moins que la promesse-même de la voie rectifiée, la promesse d’opérer en nous la réintégration à venir de la forme primitive dans laquelle nous avons tous été conçus, et cet état primitif est un état de liberté duquel nous avons déchu pour nous retrouver esclaves de notre corps, et d’autant plus esclaves d’ailleurs que nous prenons faussement la spontanéité de nos désirs pour la liberté même. »

Tout en conservant le langage de la fin du XVIIIème siècle qui a vu la naissance du RER et qui d’une certaine façon perdure, Patrick Rodner nous montre l’actualité et la permanence de la voie initiatique qui est inscrite dans les formes nécessaires du rite.

Patrick Rodner ne cesse, au fil des pages, de nous rendre attentif à la « douzième heure », à l’intervalle de non-temps où nous pouvons saisir la Lumière ou être saisi par elle :

« La douzième heure, c’est l’heure oubliée, doublement perdue à la mémoire des hommes. Elle est cette lueur, que j’évoquais précédemment, nécessaire à la visualisation des ténèbres car nos ténèbres ont ceci de vertigineux qu’elles ne s’aperçoivent pas comme telles. L’enténèbrement des ténèbres, c’est l’indice de l’infinie distance de l’homme à Dieu. Leur anamnèse, en revanche, est un recouvrement de la mémoire des origines, et si la Lumière ne se fait pas encore pleinement, elle nous est révélée dans cette lueur en demi-teinte du ressouvenir. »

Rectification, réintégration, ressouvenir… nous sommes bien en ce que d’autres nomment voie d’éveil, soit la Reconnaissance de nous-mêmes comme étant le Seigneur.

Source: La Lettre du Crocodile

 

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