La voie sans chemin

Vimala Thakar (1923-2009) fut une militante très engagée du mouvement Bhoodan pour la redistribution des terres aux paysans en Inde jusqu’à sa rencontre avec Krishnamurti qui lui fera saisir qu’il ne peut y avoir de révolution sociale sans transformation personnelle.

Ce livre très précis, exigeant et simple, qui ne retient que l’essentiel, offre un chemin vers le non-conditionné, vers notre état naturel, fait de silence et de vide. En douze chapitres, elle accompagne le lecteur vers la non-dualité, depuis la non-dualité, sans jamais oublier son humanité.

Dans la présentation qu’il fait de l’ouvrage, Marc Marciszewer énonce chaque pas de ce compagnonnage :

« la distinction entre concentration, attention et conscience attentive ; la distinction entre mouvement, toujours inscrit dans l’espace et le temps, et la vibration qui est en dehors de l’espace et du temps bien qu’elle puisse être ressentie ici et maintenant ; le fait que la conscience est tout autant de la matière que n’importe quel objet, donc que les produits mentaux, les pensées, sont bel et bien de la matière, même sous forme subtile ; l’amitié, la camaraderie et la liberté ; la dimension silencieuse de la méditation ; l’esprit de la recherche spirituelle ; le royaume de la non-dualité ; les schémas d’auto-illusionnement ; l’incomparable paix ; l’observateur et l’observé ; ce que sont un enseignant, un guide, un maître, un guru ; enfin ce que signifie vivre ensemble à la lumière d’une vie spirituelle. »

A cette lecture, nous comprenons mieux l’idée de chemin mais aussi ce sous-titre de couverture « Le premier pas est le dernier », car chaque pas n’est que l’approfondissement de ce premier pas, une seule et unique investigation respectueuse, amicale, libre et cependant sans concession. Vimala Thakar insiste pour que nous ne renoncions jamais à notre liberté, notamment psychique :

« Si vous appréciez votre liberté sociale, économique, politique, ne renoncez pas à votre liberté psychique en échange de quelque piètre expérience. Ceux qui allèguent que sans une relation d’autorité, une exploration spirituelle ne peut pas avoir cours, endommagent l’esprit humain. Je vous certifie que c’est tout à fait possible. »

C’est en avançant progressivement dans les méandres de plus en plus profonds du psychisme humain, en débusquant le moindre conditionnement, sans pour autant se juger, que se libère la place pour l’être. L’important est moins ce que nous pratiquons, telle ou telle voie, mais la compréhension de ce que nous faisons. Peu à peu, c’est un mode de vie qui se dessine, qui n’isole pas mais actualise la non-séparation dans le silence. Par un questionnement précis, qui nous évoque Krishnamurti, questionnement qui n’appelle pas nécessairement réponse mais qui éclaire l’expérience, Vimala Thakar aide son interlocuteur à comprendre, se comprendre, libérer, se libérer, dans le simple, dans l’intimité lumineuse de l’être.

 

Source: La lettre du Crocodile

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