Chalybe poursuit son projet de clarification du champ alchimique. Après l’avant-propos, un long avertissement de Cerberius, qui dénonce les attaques contre l’Art et un second avertissement, bref celui-ci, de Chalybe, à propos des préjugés, mensonges, faux maîtres et autres obstacles, qui font en réalité partie du Jeu,
nous entrons dans le livre proprement dit qui présente la même qualité traditionnelle que les autres ouvrages de l’auteur qui, sans vouloir faire école, souhaite orienter vers l’intelligence même de l’Œuvre.
L’ouvrage est structuré autour de choix d’aphorismes illustrés (Planches Hortus Hermeticus), extraits de textes hermétistes, certains familiers, d’autres beaucoup moins, commentés avec précision, dans le langage propre à l’hermétisme. Chalybe a le souci de clarifier sans dévoiler, ce qui serait d’ailleurs stérile.
Les premiers chapitres concernent « la substance privilégiée des Philosophes ». Cette « substance initiale ou Matrice, obscure et inviolable, en outre jamais ouvertement dévoilée, a été, nous dit-il, nommée principalement Chaos par les Sages, étant donné que ce substantif fait référence à son origine où tout n’était, avant la séparation des Eaux, que entremêlement et confusion et qu’il se retrouve exactement en elle, tout ce dont le scrutateur de la Nature a besoin pour commencer et achever sa propre création microcosmique ou son petit Chef d’Œuvre philosophal. ».
Il traite ensuite de différentes matières, de différentes voies, des phases du Grand-Œuvre, du Mercure, du Sel, du Soufre comme Principes, du Feu Secret… mais aussi des conditions de mise en œuvre des Mystères convoqués et de questionnements légitimes. La bonne volonté et la sincérité ne suffisent pas. Il met en évidence, autant que faire se peut, l’apport des métaphores, allégories et analogies, jeux de mots…, également les pièges qu’ils peuvent véhiculer et dont il faut tenter de se garder. Mais ces décryptages, transcriptions ou traductions sont nécessaires. Voilà comment Chalybe introduit le sujet de l’Esprit de vin philosophique :
« La fabrication du vin et principalement de la production de son alcool ou Esprit purifié, dont est-il fait référence chez certains anciens Auteurs, est une représentation allégorique de grande importance. En effet, elle leur permit de traduire par l’analogie comment ou à partir de quelles matière et opérations alchimiques et obscures, les premiers Alchimistes obtinrent leurs Pierres philosophales ou les Médecines des deuxième et troisième Ordres, Elixir ou Aurum Potabile et Pierre de projection. En l’occurrence, de mettre l’accent, pour la postérité, sur le sujet principal de l’Art, l’admirable Quintessence de nature mercurielle et d’essence quasi céleste, encore nommé Esprit de vin philosophique et à partir duquel toute l’Œuvre s’accomplit aisément. »
Chalybe met sa vaste érudition, et sa grande et tenace expérience, au service de ceux qui veulent « réellement » s’engager dans la queste alchimique, sans oublier la dimension médicinale de l’Œuvre.
Il est bien sûr question de savoir-faire mais avant tout d’Esprit et de Grâce.
