Le jour de la nuit

Quatre textes non-dualistes sont rassemblés dans ce volume : Ordonnateurs du chaos – Le jour de la nuit – La nuit espiègle – L’homme croit que ce qui n’existe pas existe.

Le jour de la nuit, qui donne le titre superbe de l’ouvrage, évoque entre poésie et expérience non-duelle, l’évidence que tout est déjà réalisé. Le lecteur accompagne l’expérimentateur dans cette découverte, si simple, si difficile à saisir :

« C’est là le plus étrange et le plus réjouissant. Ce que l’homme recherchait de tout temps était constamment sous ses yeux. L’eau, qu’assoiffé il réclamait à grands cris, lui était prodiguée sans compter. Mieux que cela, il ne s’agit pas d’une offrande que l’homme n’aurait su par aveuglement ou ignorance recevoir, mais il est lui-même ce qu’il cherchait à atteindre. Il est cet infini qu’il tentait désespérément de toucher. Il est le début et la fin de la quête. Il est la question et la réponse. »

Alain Galatis, tantôt par des nuances qui libèrent, tantôt en tranchant brutalement l’illusion, cherchent à établir le pressentiment du réel dans la permanence.

« A peine l’homme parle-t-il, le premier mot prononcé, et c’est tout le cirque qui se met en branle : fanfare, clowns, jongleurs, trapézistes, dresseurs, tous en scène pour la représentation sous le grand chapiteau. »

« Si l’on ne se soucie pas de l’individu, il n’y a strictement plus rien à faire. Aucune démarche à suivre, aucune entreprise à accomplir, rien à espérer, aucun devenir. Il n’y a donc plus aucune échéance à redouter, plus aucun terme, plus aucune limitation. Reste une grande vacance éternelle. »

C’est l’observation, l’attention, sans attente, qui permet de laisser émerger notre état naturel qui est non-séparation. Comme toujours avec les textes qui sont orientés vers la non-dualité, le paradoxe propre au langage nécessite que la parole s’auto-dilue pour laisser libre la place.

« En acceptant de croire, nous dit l’auteur, qu’une feuille de papier porte réellement le mot que nous avons écrit, nous ouvrons délibérément une voie d’eau dans notre embarcation humaine, nous sabordons ouvertement notre joli navire et laissons s’engouffrer les flots bouillonnants de toutes les confusions qui entraîneront sans aucune peine notre esquif vers le fond. Le naufrage est assuré. Titanic, le retour. »

Passer de la structure de surface de l’expérience, inscrite dans le langage à sa structure profonde, sensorielle, favorise le basculement dans le réel. Une vigilance, nécessaire un temps, permet la réconciliation avec ce qui est par une déconstruction des adhérences.

« C’est, dit-il, une nouvelle forme de reconnaissance et d’acceptation qui est à l’œuvre. Il n’y a pas à s’éveiller à quoi que ce soit, car personne ne dort, personne n’a jamais fermé l’œil une seule seconde. Tous sont des gardiens vigilants, chasseurs perpétuellement à l’affût, veilleurs taciturnes. De même, il n’y a nul endroit où se rendre, à atteindre quand on est installé partout. »

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