Erik Sablé nous a quitté en 2020. Ce dernier livre témoigne d’un itinéraire riche et varié mais toujours orienté vers le Soi. Le non-dualisme a marqué son expérience spirituelle ce qui ne l’a pas empêché de s’intéresser à toutes les formes de spiritualité.
Le propos d’Erik Sablé se présente en deux parties. La première s’intitule Le dieu impersonnel, la seconde Le dieu personnel. D’un côté l’Absoluité éclatante, de l’autre l’intimité. En réalité, un seul chemin.
« Maintenant, avec le recul, je réalise que cette quête qui était la mienne fut peut-être, finalement, depuis l’origine, une quête de Dieu. Un Dieu qui ne disait pas son nom, un Dieu qui restait caché, mais sans doute ce mot qui cerne le mieux cette réalité que je cherchais, et ce désir qui m’animait était sans doute désir d’absolu, désir d’infini, désir de totalité, désir de ramasser les morceaux épars de mon être. J’étais en quête d’une réalité ineffable, une révélation intime qui me donnerait la clé de ma destinée, le secret de l’univers, celui de la loi d’harmonie, celui qui explique le pourquoi des êtres et des choses, et surtout cette paix qui me manquait tant et qui me comblerait totalement. Et cela d’un seul regard, le regard de Dieu.
Car finalement, tout se ramène à Dieu. »
Echappant très consciemment aux polémiques adjacentes aux oppositions et aux séparations, Erik Sablé raconte les rencontres qui comptent, l’étonnement, l’émerveillement, le mystère, le réenchantement…
La seconde partie de l’ouvrage traite du dieu intérieur, du dieu de l’intime ou encore du maître intérieur. Elle passe par la lecture des signes et conduit parfois à la présence d’un être de lumière, expérience qu’Erik Sablé reconnaît dans la plupart des traditions, quelles que soient les formes qui lui sont données. L’universalité est selon lui un critère de vérité.
« Chaque maître rencontré sur le chemin correspondra à une étape de notre relation avec l’Être intérieur, nous dit-il. Il reflètera les premiers attouchements de la « grâce » ou la pleine intimité avec notre Soi. »
« Ceux qui ont pu confondre leur conscience avec celle du « Soi » - voir à travers ses yeux, en quelque sorte – s’aperçoivent que son monde est celui de l’identité, une communion qui abolit toute opposition entre le moi et le non-moi, le monde de l’Eden si l’on veut, tout comme la personnalité est celui de la dualité de la distance, de l’opposition. »
« A chacun son dieu » par conséquent mais ces dieux ne sont qu’un, nature originelle, nature ultime, permanence. L’intimité grandissante avec ce dieu intérieur qui est aussi totalité conduit à la fusion entre la conscience individuelle et le Soi :
« Alors l’étincelle de lumière qui est le reflet du Soi s’accroît en nous, la personnalité se subtilise peu à peu passant d’une octave à une autre toujours plus élevée. Le mental, les émotions et même la corporéité sont progressivement sublimés, unifiés au feu spirituel de l’ange intérieur, qui s’incarne. Et ce lent tissage entre le ciel et la terre, la personnalité et le Soi, ce mouvement de la navette unissant l’un et l’autre pôle de notre être amène la naissance d’une entité nouvelle qui résulte de cette transfiguration réciproque : c’est le corps de diamant du vajrayana, la pierre cubique de la franc-maçonnerie, la Pierre Philosophale des alchimistes, le Christos des gnostiques, un état que symbolisent aussi les deux triangles entrelacés du sceau de Salomon. En cette figure, tous les éléments de notre être sont unifiés… »
Il est toujours intéressant d’écouter ceux qui ont, leur vie, durant, arpenter la terre pour découvrir le ciel. Erik Sablé est un grand témoin de la quête. Avec simplicité, et une grande ouverture, il éclaire les moments qui enseignent et libèrent sur la voie.
Source: La lettre du crocodile