Philippe Reiryu Coupey, moine et maître zen, élève du maître Deshimaru enseigne le zen depuis les années 80.
Ce petit livre rassemble des témoignages et des chemins de pensée traversant les oppositions et dépassant les séparations.
« Il y a toutes sortes de maladies, mais la plus dévastatrice concerne celle des pensées dualistes « ça c’est bon, ça ce n’est pas bon ». Ce principe d’opposition est la maladie de tous les êtres humains. Nous le savons depuis la nuit des temps, depuis que les démons ont des cornes. Ces démons sont les représentations de nos pensées dualistes. Ils nous tourmentent, nous harcèlent, et finissent par nous détourner de l’unité. »
La dualité doit être acceptée pour être observée et travaillée comme une matière première.
« Par la réalisation du fait que nos vies n’existent que de respiration en respiration, poursuit l’auteur, nous pouvons transformer nos pensées dualistes et « démoniaques » en éveil, vers l’unité. Cette transformation progresse d’abord dans l’invisible et l’inconscient, puis elle s’intègre dans la conscience. Enfin. »
Philippe Reiryu Coupey cherche à clarifier la notion de karma si mal comprise. Selon le Bouddha, dit-il « ce n’est pas l’individu qui poursuit son chemin ou renaît, mais que c’est l’acte en lui-même qui se répète ». Ce n’est que par la vacuité que la causalité est suspendue. Il balaie aussi les qualifications aussi idiotes que courantes de « mauvais karma ». Il fait de même sur les représentations du « maître » et met en évidence les confusions multiples entre formes et essence, entre ce que le disciple attend d’un maître et la réalité de ce qu’il est. Il nous rappelle que « Culpabiliser, c’est encore mettre sa petite personne en avant ». « Le Bouddha historique est allé de faute en faute » dit-il. C’est en tranchant l’erreur dualiste première, à la racine, que nous pouvons nous libérer.
Philippe Reiryu Coupey distingue douceur et faiblesse, repos et mollesse, ki héréditaire et ki acquis… Lucidité, pertinence, attention, sont au service de l’essentiel :
« Petit à petit, on pourra peut-être réaliser la profonde unité des hommes et des femmes sur cette Terre – et au-delà de cette Terre… On cherche depuis toujours à travers le temps à savoir d’où l’on vient et où l’on va : on ne vient pas d’un endroit et on ne va pas vers un autre endroit, bien sûr. On devient unité, sans séparation, et ainsi sans jugement envers les autres. »