La folle sagesse de la yogini

Daniel Odier revient vers nous afin de poursuivre la transmission de l’enseignement de la yogini Lalita Devi qui fut son maître cachemirien.

Il présente le mode de transmission particulier de l’école Kaula de Lalita Devi :

« Matsyendranath est le fondateur à Kamarupa (Assam) de la voie Yogini Kaula qui culmine dans l’état de Sahaja : l’identité de l’adorateur et du divin dans la liberté spontanée ou la Folle Sagesse.

C’est la voie enseignée par Lalita et toutes les yoginis de la lignée qui transmettaient par leur seule présence la réalisation du sahajsamadhi, l’état d’union à la totalité dans le silence mental spontané. »

Et le très juste rapport au secret au sein du shivaïsme non-dualiste cachemirien :

« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces enseignements ne me furent pas confiés après une longue période d’épreuves, mais immédiatement, selon la tradition cachemirienne qui récuse l’enseignement graduel. C’est une non-voie (anapuya) où seul l’amour du maître est requis. Pour bien comprendre, il faut savoir que Lalita avait un sens particulier du secret. Pour elle, divulguer un enseignement dit « secret » ne présentait pas un problème car tant que l’enseignement n’était pas réalisé, il demeurait secret. »

Dans cet ouvrage, Daniel Odier fait un point utile sur les recherches et les questionnements récents quant aux origines et à l’histoire du shivaïsme ancien. Ce n’est bien sûr pas l’essentiel de l’ouvrage qui veut restituer au mieux l’enseignement lumineux de Lalita qui se caractérise par son efficience directe, sa puissance de transformation et sa beauté poétique. Toucher, regard, mot soutiennent les visualisations. Les images sont vivantes, elles s’imposent d’elles-mêmes plutôt que par construction. La non-séparation relève d’une inclusion totale, aucun rejet, aucun effort…

 

« A jamais, nous arrivons.

A jamais, nous partons.

Pour toujours, nuit et jour.

Nous sommes dans un mouvement.

Qui toujours nous ramène

A notre lieu d’origine.

Il y a là un mystère.

Une vérité à saisir. »

Lalita

 

Daniel Odier met en miroir les transmissions de Lalita et quelques textes fondamentaux comme les Shiva sutras ou le Spandakarika de Vasugapta ou des enseignements d’Abhinavagupta ou de Ksemaraja. Mais il puise également dans le Tchan qui lui est familier. Les textes sont de grande importance dans la démarche :

« La relecture constante des grands textes cités dans cet ouvrage provoque une remise en question permanente de nos schémas, de nos habitudes, de nos routines circulaires. Elle aide à pointer nos peurs et nos évitements, nos délires narcissiques et nos fuites. Les tantriques ont toujours soutenu l’idée que les maîtres devaient écrire eux-mêmes leurs enseignements afin que les mots convoient la charge mystique. Ils ont toujours soutenu que la lecture d’un tel texte pouvait provoquer une ouverture fondamentale, voire l’illumination. Ces textes sont des puissances dans le sens où la Shakti est une puissance. Alliée à l’ordonnance des mots et des phrases, au plan cosmique, qui est l’énergie de Shiva, ils ont la puissance de défaire les nœuds qui empêchent l’union à la totalité. »

Pour « coïncider avec le Réel avec grâce », Lalita invite au déploiement de l’enseignement qu’elle dépose dans le cœur sous forme d’énergie. Elle allie une technicité précise avec une liberté absolue, ne figeant rien dans le commentaire, l’injonction, l’interdiction, le concept. Tout élément reste vivant car non-séparé et non-institué. En acceptant le désir, en reconnaissant son universalité, la conscience s’ouvre à la réalisation des puissances serpentines dans un jaillissement permanent et libérateur dans l’espace.

« Mots, pensées.

Torpeur ou éveil de la Kundalini, Lotus suprême.

Ni le silence ni les postures yoguiques

Ne vous ouvriront cet espace.

Ni Shiva, ni Shakti n’y résident,

Une seule chose demeure, le Soi.

Tel est l’enseignement. »

Lalita

Le mieux est sans aucun doute d’explorer ce livre.

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