Le Feu de l’Esprit

Grégory Mutombo, par petites touches qui sont autant d’accès directs à l’essentiel, présente les voies d’éveil dans leur nudité totale. Ce qui est quand il ne reste rien.

« L’ultime effort est de n’en faire aucun. » dit-il. Bien sûr, le saisissement qui permet de se dégager de tout effort et adhérence, intervient en général après des années de contractions de la conscience quand le « Feu de l’Esprit » emporte tout.

« De l’aveu de beaucoup, nous dit l’auteur, ce Feu de l’Esprit, ainsi que désigné ci-dessus, est à la fois mystérieux, profondément attirant et fortement repoussant. Le présent ouvrage s’emploie non à le définir – ce serait tentative bien présomptueuse –, mais plutôt à en évoquer la puissance, le mouvement, la cause et les conséquences. Cette évocation n’a de sens que parce qu’elle a pour corollaire la mise en relief des méandres de l’ego. En effet, écrire sur la Lumière et la conscience en tant que telles présente assez peu d’intérêt si cela ne contribue pas, au sein de l’existence, à démêler le faux du vrai, l’ignorance de la connaissance, l’illusion de la réalité et le subterfuge de l’authenticité. »

Il n’y a, fondamentalement, rien à faire, pour retrouver notre propre nature, puisque celle-ci demeure, quelle que soit les voiles dont nous la recouvrons. Toujours disponible, toujours accessible, l’effort même pour la rejoindre nous maintient dans l’existence, dans les périphéries. Grégory Mutombo explore les composés de ces périphéries afin de les laisser se dissoudre d’eux-mêmes : temps, devoir, justice et injustice, libre-arbitre, affections, épreuves, jugements, peurs, illusions… Il dissèque avec respect nos conditionnements et nos adhésions afin de les stériliser. La méthode est intéressante, nous ne sommes pas en présence d’un traité brillant de métaphysique non-duelle, mais plutôt d’une accumulation de micro-ouvertures, d’intervalles, juste indiqués en passant afin de nous inciter à plonger sans effort dans ce qu’elles introduisent.

Quelques exemples : « Le pardon est une option de l’ego qui va à l’encontre de son élan habituel à retourner la douleur ressentie sur celui ou celle qui lui semble en être la cause. Cette option se dessine lorsque le soleil se lève dans son ciel intérieur. Une conscience totalement éveillée n’est cependant pas celle qui accorde aisément son pardon, mais celle qui n’en a plus besoin. »

« Quiconque ne voit la « nature » que lorsqu’elle lui apparaît verte et vide d’humains et qui accorde à cette apparence le pouvoir de le ressourcer se vautre dans l’illusion de sa propre forme. Ne voit-il rien d’autre que des constructions inquiétantes et des humains hostiles là où des regroupements ont été organisés ? Ce jugement du « beau », du « naturel », du ressourçant », du « paisible » est symptomatique d’une vision parcellaire, comparative et séquencée de l’ego, parfaitement incapable de percevoir la vie, l’amour dans certaines formes. Si cette « nature » possédait le pouvoir de ressourcer, alors cela devrait être vrai dans toute circonstance. »

Grégory Mutombo propose au lecteur de « lâcher la main du guide », de devenir pleinement autonome, par, notamment, un retournement de conscience :

« La capitulation de l’ego n’a pas à être souhaitée ou attendue : elle est une conséquence naturelle, comme l’évaporation de l’eau lorsqu’elle est chauffée par les rayons du soleil. L’ego n’est qu’une idée rétrécie de soi, comme complexe de souvenirs, d’impressions, d’interprétations et d’expériences desquels des leçons superficielles ont été tirées. N’étant pas réel, il ne peut être u adversaire véritable. (…)

Tout se défait dans la lumière. Illuminer, c’est pulvériser l’ignorance originelle. La lumière ne peut éclairer l’ombre : lorsqu’elle avance vers elle, l’ombre disparaît. » En indiquant les écueils rencontrés par celui qui s’engage « avec effort » dans la quête, nourrissant ce qui l’éloigne de sa nature originelle et ultime, Grégory Mutombo laisse les illusions dualistes se diluer et la grâce, la joie, la compassion émerger d’elles-mêmes.

« Nous sommes l’éternité et l’infini, conclut-il, et aussi une apparence sur laquelle un nom a été posé. Donner une importance particulière à cette apparence est nier Dieu. La juger est nier Dieu.

L’aimer plus qu’une autre est nier Dieu. Ne pas s’y reconnaître est nier Dieu. S’y attacher est nier Dieu. Craindre qu’elle disparaisse est nier Dieu. En attendre une nouvelle est nier Dieu. La prendre pour vraie ou fausse est nier Dieu : la vérité est au-delà et l’illusion, non dans ce qui est observé mais dans l’œil qui regarde. Et nous sommes Dieu. »

Ce livre est une opportunité, pour tous ceux qui sont happés par les périphéries, de « s’unir à l’Esprit ».

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