Le compas et l’hermine

Cet ouvrage à caractère historique et sociologique sur la Franc-maçonnerie en Bretagne fait suite à un travail de recherche universitaire conduit par l’auteur dans le cadre de l’Université Rennes-II.

Comme pour toutes les autres études de même type, l’intérêt dépasse largement le seul contexte maçonnique pour éclairer des aspects historiques et sociétaux plus larges.

D’emblée la question de la Franc-maçonnerie en Bretagne se confronte à des interrogations. Qu’en est-il de la Franc-maçonnerie dans une région si catholique et résistante à certains bouleversements révolutionnaires ? Comment s’inscrit l’universalisme maçonnique dans une région à forte identité comme la Bretagne ? La Franc-maçonnerie n’a plus à démontrer sa capacité d’adaptation culturelle et sa nature protéiforme. Elle sait se réinventer pour s’inscrire dans les particularités locales.

Arnaud d’Apremont a voulu par cette recherche réaliser « une photographie sociologique actuelle de la maçonnerie en Bretagne et surtout de ses différences ». Si l’étude n’est pas historique, elle prend appui sur l’histoire pour mieux mettre en évidence les nuances et les complexités de la Franc-maçonnerie en Bretagne plutôt que l’existence d’une « Franc-maçonnerie bretonne » :

« Assurément, nous dit-il, quand il s’est agi d’entamer cette réflexion sociologique sur la maçonnerie bretonne et que, par nature, il était nécessaire de s’adresser à des témoins maçons pour en rassembler la matière, le sens de la démarche ne fut pas toujours compris. Plus exactement, certains s’imaginèrent qu’il s’agissait de démontrer une dimension bretonne, voire irrédentiste, de la maçonnerie armoricaine. De toute la maçonnerie armoricaine. Ce n’était bien évidemment pas le cas.

A aucun moment, il n’a été question de trouver des spécificités s’appliquant à l’ensemble de la maçonnerie telle qu’elle est vécue en Bretagne. Au contraire, cette recherche ne se voulait qu’une approche en nuances et une approche des nuances de la maçonnerie bretonne, moins celles peut-être qui différenciaient symbolisme et sociétal – la vieille fracture parcourant l’Ordre fraternel en général, mais aussi la société – que celles qui distinguent jacobinisme centralisateur et girondisme décentralisateur… Ces nuances, nous les retrouverons de fait et nous les confronterons, in fine, à l’idée développée notamment par Jean-Michel Le Boulanger, en reprenant le concept d’une autre Bretonne émérite, l’historienne Mona Ozouf, dans sa Composition française. »

Pluralité donc, complexités, nuances… qui font aussi richesse. Nous l’avons compris, il s’agit d’une Franc-maçonnerie vivante.

La première partie de l’ouvrage présente de manière très synthétique l’histoire générale de la Franc-maçonnerie afin de donner ou rappeler au lecteur quelques repères indispensables à la compréhension du sujet.

La deuxième partie, la plus conséquente, analyse la pratique maçonnique en terre celtique : typologie, obédiences, rapports au religieux, rapports à la terre et à la culture bretonnes, rapport à la langue bretonne, anti-maçonnisme en Bretagne, etc. De nombreuses annexes et bibliographies viennent enrichir l’étude.

La dernière partie de l’ouvrage présente une étude sur l’influence de la Compagnie de Jésus en Bretagne au XVIIème siècle et sur ses relations avec une Franc-maçonnerie alors émergente, principalement à travers l’action de deux personnalités : Julien Maunoir et Michel Le Nobletz.

Cette étude très étayée sur la vie maçonnique en Bretagne permet de mieux saisir les possibilités de rapports créatifs entre le local et l’universel qui, au lieu de s’opposer, constituent alors une dynamique féconde face aux crispations mortifères.

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