Souvent la Franc-maçonnerie est encore considérée, à tort, comme déterminante dans l’avènement de la Révolution française. La réalité est beaucoup plus complexe et les Francs-maçons se sont souvent retrouvés dans tous les camps.
Si les valeurs maçonniques de liberté, d’égalité, de fraternité, semblent conduire naturellement à s’opposer à l’ide de monarchie, l’histoire démontre les liens, parfois cachés entre les membres de l’Ordre maçonnique et les rois de France. C’est ce qu’Emmanuel Pierrat met en évidence dans ce livre à travers des personnages plus ou moins influents.
Dès le début de l’histoire de la Franc-maçonnerie dite spéculative, nous croisons de grands personnages comme, bien sûr le chevalier de Ramsay, mais aussi Louis-Antoine Pardaillan de Gondrin, premier duc d’Antin, dont le petit fils sera grand-maître de la Grande Loge de France. Nous découvrons la Loge des Petits-Appartements qui fait référence aux appartements du roi. Louis XV, selon l’auteur, aurait pu être membre de cette loge, tout comme Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu, maréchal, pair de France, Louis-François de Bourbon-Conti et même, Bontemps, le valet de chambre du roi. Tout ceci demeure peu étayé et c’est à partir des Lumières que les relations entre la Franc-maçonnerie et le pouvoir, royal ou non, vont pouvoir être étudiées avec plus de précision.
La loge Les Trois Frères unis à l’Orient de la cour a réellement existé et aurait pu accueillir Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Si Louis XVI ne fut pas membre de l’Ordre maçonnique, il fut au moins bienveillant à son égard.
Emmanuel Pierrat évoque ces aventuriers et séducteurs initiés que furent Saint-Germain, Cagliostro ou Casanova mais aussi des femmes comme la duchesse de Bourbon ou madame de Lamballe. Il consacre un chapitre à la célèbre Loge des Neuf Sœurs qui reçut des membres prestigieux, Voltaire, Benjamin Franklin, le girondin Brissot, Guillotin, Condorcet, entre autres. Cette loge est emblématique car proche des idées révolutionnaires. Plusieurs membres furent influents et contribuèrent au développement de ces idées sans que l’on puisse faire de généralisation à l’Ordre maçonnique.
Emmanuel Pierrat montre la complexité des relations entre les Francs-maçons, les idéaux révolutionnaires et les références à la monarchie jusqu’au XIXème siècle. Chacun tente de trouver sa place et de contribuer à un équilibre entre les valeurs et les attachements ou conditionnements de l’époque engendrant une grande diversité de positions et d’engagements qui ont leurs prolongements dans la France d’aujourd’hui.