La poésie vivante de Franck Balandier s’écoule avec une rare justesse depuis les temps de vie de l’être jusqu’aux confins de la mort, aussi banale que redoutée.
Romancier, essayiste et poète, il publie son premier poème à quatorze ans, Franck Balandier est riche d’un parcours atypique choisi. Il fut ainsi à l’origine de la première radio diffusée en milieu carcéral au tout début des années 80 mais nous le retrouvons aussi vidéaste, réalisateur d’une quarantaine de documentaires pour le Ministère de la Justice.
L’amour et tout ce qui s’oppose à lui afin de l’empêcher, de l’user, de le détruire, anime nombre de ses textes. Malgré le réalisme et la lucidité, le goût de la vie est sans cesse réaffirmer, souvent par l’attachement aux détails qui tissent le bonheur, la bonne heure.
Je revendique des apogées à fleur de peau
Dans le gras de nos rêves
Ce peu de confettis dans nos cheveux
Nos amours défaites
Le cri des gens au bord des trottoirs
Assis à regarder les nuages
Il faut des pluies au creux de nos larmes
Pas le temps
Pas le temps de nos bras serrés
Tu te souviens dis
Tu te souviens de nos amygdales
De nos rhinopharyngites
De nos salpingites
On avait quoi
Quinze ans à peine
…
Garde-moi
Garde-moi au plu près de toi
A l’abri des crachats
De nos promesses non tenues
On s’en fout hein
On s’en fout de se réveiller demain
Un autre jour
On sait bien
On sait bien que la mort est pour un autre jour
Alors pardon de nous
Pardon d’avoir oublié le plus beau des baisers
Celui qui traîne encore au coin de tes lèvres
Il sera pour après
Quand nous serons bien vieux
Pour nous aimer toujours.
Le recueil présente de longs poèmes, qui évoquent chez le lecteur le chapelet de souvenirs enfouis, et des poèmes brefs qui font jaillir la lumière de l’instant :
Il y avait vous
Le temps de la ville pas très loin
La mort à portée de nuages
A un jet de pierre la mort
L’intifada de vos baisers
Dans l’urgence d’une guerre devenue inutile
L’heure tiède est un fleuve de nuances poétiques qui nous emportent vers nous même. Il ne s’agit pas de nostalgie mais plutôt d’une puissante récapitulation des petites intensités qui sont les constituants mêmes du vivant.
Davantage sur l’auteur :
https://www.leshommessansepaules.com/auteur-Franck_BALANDIER-122-1-1-0-1.html