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Suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris, les réactions se sont multipliées, souvent dictées par l’opportunité ou des prétentions personnelles. Le beau livre de Thierry E. Garnier est l’un des rares textes écrits à cette « occasion » qui méritent notre intérêt.

Il nous rappelle d’abord le caractère éphémère de toute manifestation destinée à disparaître, les êtres humains comme les civilisations et leurs productions qu’elles soient artistiques ou monstrueuses. Nous sommes, pense-t-il, à un « point de basculement » qui implique l’émergence, probablement douloureuse, d’un nouveau paradigme. Il en appelle à Victor Hugo, et surtout à Quasimodo, véritable gardien du seuil, pour nous aider à franchir ce saut au-dessus de l’abîme.

Thierry E. Garnier interroge sur la nature et l’essence de Notre-Dame, sa ou ses fonctions :

« Mais qui est vraiment « Notre-Dame » ? La Grande Dame énigmatique dont se parent les cathédrales. La Vierge éternelle sans limites et sans apparence. La matrice des mondes, toile de fond virginale suprasensible prête à engendrer en chaleur le Big Bang de la Création des astrophysiciens. Silence du souffle créateur, elle est à la fois pour les métaphysiciens l’Inspir et l’Expir pleinement réalisé dans l’Absolu des formes non encore advenues, seulement précédant le Tsimtsoum. Elle est le Miroir du Monde manifesté et de l’Âme originelle. Vierge en majesté elle a un pied posé sur un croissant lunaire, l’autre pied sur la tête du serpent de la Genèse – tenant dans ses bras le « fils de l’Homme »… »

A travers ses multiples expressions, elle est ce qui demeure, toujours disponible pour celui qui « voit ».

Thierry E. Garnier évoque le symbolisme des cathédrales, en premier lieu Notre-Dame de Paris, l’art des bâtisseurs, les révolutions architecturales, notamment celle voulue par Viollet-le-Duc, pour resituer le dialogue entre tradition et modernité qui a resurgi dans les polémiques sur la reconstruction.

Il convoque ceux qui ont compris Notre-Dame comme Victor Hugo, redécouvert grâce à l’incendie, et Gérard de Nerval. Il invite Fulcanelli mais laisse à Quasimodo la première place, la seule place :

« « Quasimodo », son nom fait sans doute référence chez Hugo à la première épître de saint Pierre, il correspond au quasi-humain, il est le reclus – le sonneur tourmenté des cloches de Notre-Dame – il est le gardien du seuil, factotum détenant grâce à Pierre les clefs d’or et d’argent qui ouvrent les portes des derniers secrets de la révélation. Il est le seul habilité avec les anges de lumière à sonner avec force et vigueur le Requiem des trépassés. »

Ce très beau texte bénéficie d’un cahier iconographique très riche qui illustre la place immense que tient Notre-Dame de Paris depuis sa fondation dans l’art et la littérature.

Source: La lettre du crocodile  

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