Le code Télémaque de Jean-Luc Aubarbier

Et revoilà Fénelon, François de Salignac de la Mothe-Fénelon (1651 - 1715). Dans ce roman historique, Jean-Luc Aubarbier tisse, avec le talent que nous lui connaissons, histoire et fiction contemporaine.

Au cœur même d’une étrange intrigue policière, développée en ce début de XXIème siècle, il restitue la vie tumultueuse du philosophe qui annonce les Lumières, dans une France intrigante sur laquelle règne Louis XIV, fatigué tant de la cour que de lui-même. Aux côtés de Fénelon, deux autres figures font irruption dans ce roman. Il s’agit de Madame Guyon, dont la mystique fut influente et qui demeure une référence pour certains courants aujourd’hui encore, et de Andrew Michael Ramsay, plus connu comme le Chevalier de Ramsay, principal artisan de la Franc-maçonnerie moderne.

Le lien entre la fiction policière et l’histoire s’inscrit dans un ouvrage de Fénelon, Télémaque, retrouvé près du cadavre d’un homme dans une chambre d’un hôtel du Colorado, aux USA. L’ombre du Ku Klux Klan plane sur le meurtre mais d’autres groupes secrets sont impliqués, groupes évoqués par Dan Brown dans ses romans.

Nous retrouvons avec plaisir les deux archéologues Pierre Cavaignac et Marjolaine Karadec, héros des précédents romans de l’auteur. Ils vont mener l’enquête, intrigués par un mystérieux message codé rédigé par le mort, Richard Ternant, qu’ils connaissaient et n’appréciaient pas spécialement. Quel secret voulait cacher Fénelon ?

L’enquête les ramène en France, à Saint-Germain-en-Laye où vécut le philosophe, évêque et bâtisseur mais aussi dans les territoires chers à l’auteur, le Périgord et le Quercy. Outre les conflits et complots à la cour de Louis XIV, ce sont aussi les guerres de religion qui servent de toile de fonds à l’intrigue. Louis XIV voyait dans les protestants un danger pour la monarchie absolue. Nombre de protestants quittèrent le royaume après la révocation de l’Edit de Nantes. Dans le roman, les tensions de l’époque alimentent les tensions religieuses larvées de notre époque.

Le roman se structure autour du secret de Fénelon, secret remettant en question l’histoire officielle de la chrétienté.

« François de Fénelon frissonnait dans son habit violet, insigne de sa fonction. L’homme du Sud avait toujours eu du mal à s’habituer aux frimas du Nord, surtout en cet automne finissant. L’abord de la froide saison l’effrayait comme une annonce de mort. Il y en avait beaucoup sur sa liste ; qui serait le prochain ? Lui-même n’était-il pas menacé ? Il savait trop de choses. Sa position au centre de l’échiquier lui avait permis d’en apprendre sur tous les partis, de connaître les jeux de chacun. Les bouleversements récents avaient renversé les pièces. Lui, l’évêque, le fou du damier, se devait de tente rune dernière diagonale. Il lui fallait d’urgence gagner Versailles, se jeter aux pieds du roi, qui le recevrait, sans aucun doute, au nom de ce qu’ils avaient en commun. Le vieux souverain était bien seul et se savait épié. Au nom de leur ancienne amitié et de leur mutuel respect, il le recevrait. Fénelon lui dirait tout... »

Source: La lettre du crocodile  

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