La conscience élargie et sa source par Alain Delourme

La conscience est devenue un sujet privilégié d’étude scientifique, particulièrement dans le domaine de la physique quantique.

Alain Delourme croise quatre disciplines pour approcher la nature et les fonctions de la conscience : spiritualité transpersonnelle, littérature imaginative (science-fiction), prospective et physique.

S’il n’est pas spécialiste de physique, classique ou quantique, il rend compte dans cet ouvrage, dans un langage accessible, des avancées étonnantes des dernières années. Témoignages et extraits littéraires illustrent les idées avancées par l’auteur.

La première partie de l’ouvrage est consacrée au thème des expériences directes de ruptures avec le monde phénoménal conduisant à un contact avec d’autres réalités, des « rencontres avec l’absolu ». A côté de témoignages d’anonymes, l’auteur fait appel à des personnalités très différentes, de Cioran à Bataille, pour cerner par les mots, parfois la poésie, ce qui est impossible à cerner.

« Il existe en chacun de nous, nous dit l’auteur, un formidable besoin d’absolu. Et l’on n’enferme pas plus l’absolu dans un tiroir que Dieu dans une Bible. Toute opposition entre le sporadique et le permanent s’y estompe. Connaître l’infini, l’éternel, l’absolu dans un instant privilégié n’a guère besoin de s’inscrire dans la durée puisque celle-ci n’existe plus. Bien sûr cela n’empêche pas la nostalgie, l’envie d’y revenir et de s’y installer. »

La deuxième partie de l’ouvrage traite de l’apport de la science-fiction, l’auteur parle de « conscience-fiction », de ces auteurs qui, par leur sagacité, envisagent des futurs possibles et interrogent donc nos choix.

« Son domaine de prédilection, écrit l’auteur, est l’imagination rêveuse et inventive. Le déploiement d’hypothèses intenses. La création de fabuleux billets vers l’ailleurs. Les perspectives transcendantes, les récits où se mêlent visions prophétiques et extrapolations sont l’essence véritable de la conscience-fiction. Elle est plurielle, éperonnant tous les domaines de l’activité humaine et d’une puissance imaginaire sans limites, avec l’excitante question : « Que se passerait-il si ? Comme pour la science-fiction, on assure une plausibilité qui repose sur la « suspension d’incrédulité » (H.G. Wells). Cette suspension requiert que l’on arrête de juger et de censurer. On regarde ailleurs et demain, pas seulement ici et maintenant. »

Huxley, Asimov, Gamow, Zelazny, Simak, Simmons parmi d’autres auteurs, sont convoqués dans cette partie qui fait éclater les repères.

La troisième partie est intitulée « Nostalgie de la source ». Eloge de la différence, ouverture à d’autres possibilités d’intelligence, universalité de la vie poussent le lecteur vers l’idée d’un univers pensant et se pensant.

« Notre monde, suggère Alain Delourme, n’est pas le produit de processus mécaniques mettant en jeu une matière inerte et sans âme. L’hypothèse est qu’il existe une intelligence cosmique supérieure, une source à l’ordre, à la forme et au sens de l’univers. De nombreuses philosophies spiritualistes et diverses traditions mystiques en rendent compte, d’une manière ou d’une autre. La recherche moderne sur la conscience en étaie les principes fondamentaux en soutenant l’existence d’un programme structurant l’ensemble de la création. Tout ce qui existe est pénétré d’une intelligence supérieure. De très nombreuses expériences montrent que les frontières entre la psyché individuelle et le reste du cosmos sont finalement arbitraires et peuvent être transcendées. »

La quatrième partie s’ouvre sur une citation de Philippe Guillemant : « La spiritualité du futur et le futur de la spiritualité restent à inventer. ». Nous retrouvons les travaux de Carter, Barrow, Tipler, le principe anthropique, l’holomouvement de David Bohm, puis Rupert Sheldrake, Régis Dutheil, Stanislas Grof, Ervin Lazlo… Tous concourent, par leurs modèles, à un changement de paradigme de la conscience.

« La conscience est d’amplitude cosmique. Elle enveloppe les humains et tout ce qui est vivant, c’est-à-dire Tout, que ce soit sur Terre ou en dehors, que ce soit au présent, au passé ou au futur. La Conscience n’est pas le Dieu des religions monothéistes ou polythéistes. Elle n’appartient à personne. Cette Conscience intelligente, lumineuse et aimante est dépassement des dualités et accomplissement transpersonnel. Conscience non locale, elle réside notamment dans des corps physiques, humains ou non, qui sont autant d’incarnations temporaires. »

Alain Delourme suscite intérêts et questionnements afin de favoriser un rapport renouvelé à la conscience, à l’altérité et à l’unité. Le parcours proposé permet de ne pas conclure mais de s’ouvrir à ce qui vient pour répondre à « l’appel du sublime ».

Auteur : La Lettre du Crocodile

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