Adolf Hitler ou la vengeance de la planche à billets par Pierre Jovanovic

Pierre Jovanovic rend compte dans ce livre de diverses analyses ou éléments d’analyses de l’ascension d’Adolf Hitler et du rôle joué par la haute finance dans cette ascension. Les conditions économiques déplorables de l’Allemagne, née des décisions trop contraignantes prises envers le pays vaincu à la fin de la première guerre mondiale, l’inflation, consécutive à l’usage exagéré de la planche à billets ont servi l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

Pierre Jovanovic s’appuie sur les travaux d’un psychanalyste jungien, le Dr Murray qui a cherché à cerner la personnalité d’Adolf Hitler, notamment au regard de ses rapports à la mère et de ses tendances homosexuelles refoulées. Il s’appuie aussi sur des études économiques des trois décennies qui séparent les deux guerres car ce n’est pas seulement le crash de 1929 qui engendra l’avènement de l’Allemagne nazie, c’est toute la politique économique et financière déjà orientée vers une spéculation outrancière dont la crise de 1929 n’est qu’un aboutissement. Certes, la crise suspendit les aides financières américaines à l’Allemagne, accentuant la chute du pays allemand et renforçant les conditions favorables à l’arrivée d’une dictature, mais le rôle joué par l’abandon de l’étalon or et par la multiplication d’une monnaie sans contrepartie est essentiel dans l’actualisation des tentations totalitaires. Aujourd’hui encore.

L’ouvrage se divise en deux parties. La première reprend les travaux du Dr Murray et les conclusions ou perspectives qu’en tirèrent les analystes de l’O.S.S., les services secrets américains de l’époque, avant le deuxième conflit mondail. La deuxième partie présente les « notes pour une anamnèse » du Dr Vernon, directeur du département de psychologie de l’Université d’Acadia au Canada, alors qu’Hitler est au pouvoir. Nous sommes en 1943.

« Cet homme, dit-il, est intéressant en cela qu’il est une force qui a davantage impacté de vies sur la planète que tout autre homme dans l’histoire, aidé par des instruments de communication nouveaux et miraculeux. Comment était-ce possible qu’un homme à l’apparence et à la stature aussi insignifiantes, dépourvu de force physique, incapable de tout contrôle émotionnel, et sans envergure intellectuelle aucune réussisse là où les Allemands les plus puissants avaient échoué dans le passé ? »

L’anamnèse met en évidence des aspects de la personnalité d’Hitler comme « l’intensité de son dévouement à la création d’un idéal, la nature du drame de sa vie », ses sentiments exaltés pour ou contre, sa puissance oratoire, ses rapports à l’art, à la sexualité, ses symptômes névrotiques ou psychotiques…

La troisième partie s’intéresse au rôle des nouveaux mécanismes financiers dans la montée en puissance de l’Allemagne nazie : monnaie artificielle, hyperspéculation, contrôle des médias, complicité destructrice des banques qui ont surfées sur la vague nazie avant, pendant et encore après la guerre en s’appropriant les avoirs des disparus des camps de concentration, entre autres perversités…

L’ouvrage de Pierre Jovanovic vaut aussi pour notre époque dans laquelle nous retrouvons quelques-uns des mêmes ingrédients, certes plus sophistiqués mais tout aussi dangereux pour l’avenir des peuples. Il montre aussi que les grandes catastrophes totalitaires pourraient être anticipées quand elles ne sont pas parfois clairement annoncées .

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