Un Bouddha au cœur sensible

David Brazier jette un nouveau regard sur les paroles du Bouddha historique à travers cette étude des quatre nobles vérités, axe de l’enseignement ou des enseignements bouddhiste(s). Pour cela, il revient à l’essence du bouddhisme, accepter seulement ce que l’on a expérimenté et vérifié. Ce faisant, bien des idées fausses, des croyances toxiques, se dissolvent dans la pratique quotidienne. L’ouverture à ce qui se présente est ici privilégiée.

L’ouvrage est divisé en cinq parties : La naissance de la sagesse – L’adversité – La passion – Le caractère – La voie. L’éveil est une expérience humaine, totalement humaine.

Penser que l’éveil permet d’échapper à la souffrance est une erreur. Il modifie le rapport entretenu avec la souffrance. L’éveil ne rend pas insensible, il permet une sensibilité infiniment vaste, non conditionnée par nos idiosyncrasies.

Les quatre nobles vérités sont en sanscrit : dukkha, samudaya, nirodha et marga, « souffrance », « ce qui surgit », « maîtrise », « voie ». Pour « sortir » de la souffrance, le Bouddha a compris que ni la mortification du corps ni la satisfaction sans frein des désirs n’offraient d’issues. Il a proposé au contraire la voie du milieu : « la voie de la vision, de la compréhension, du calme, du discernement, de l’éveil et du nirvana. C’est la voie de la vue juste, de la pensée juste, de la parole juste, de l’action juste, des modes d’existence justes, de l’effort juste, de l’attention juste et du samadhi juste ».

Ne pas s’identifier aux opinions et aux conditionnements, être capable de s’installer dans le silence, suspendre la réplication de l’ego, observer ce qui se présente en nous et dans le monde sans commenter, faire preuve de sang-froid face à ce qui dérange, chercher à « élever tout ce qui est mondain au rang du sublime ».

Le juste, l’ajusté, se réfère à « ce qui coule ou se meut dans la même direction ». « L’idée, précise l’auteur, est qu’il existe déjà, caché au plus profond de nous, un « vœu primordial » qui demande, de façon pressante à s’exprimer. (…)

L’éveil n’est pas la fin ultime. L’éveil est le point de départ. (…)

En fait, la terre pure de la félicité existe aussitôt qu’une personne commence à laisser son énergie s’écouler dans cette direction. (…)

Au moment où nous touchons notre vœu primordial, notre désir le plus profond, et osons croire qu’il est possible de le vivre, au moment où nous le déclarons ouvertement, nous prenons un tournant décisif dans notre vie. C’est le moment où nous passons de la dimension horizontale à la dimension verticale. C’est cela l’éveil. Après cela, on est un combattant pour la liberté. Dans cette nouvelle vie, il y a des hauts et des bas. C’est tout ce dont il s’agit, quand on est dans une dimension verticale. C’est un chemin de passion, « passionné de paix » a dit le Bouddha. »

La force du propos de David Brazier réside dans les épisodes de la vie du Bouddha qu’il choisit d’explorer. Ce ne sont pas les plus spectaculaires, ce que l’on retient habituellement, mais des faits secondaires ou des détails qui passent inaperçus dans un événement important de la vie du Bouddha, des moments et des expériences que nous connaissons tous et sur lesquels nous pouvons prendre librement appui.

En redonnant au Bouddha son humanité, il redonne à son enseignement sa dimension pragmatique et son efficacité.

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