Après avoir consacré un ouvrage aux Runes, intitulé Les Runes, écriture sacrée en Terre du Milieu, Julie Conton explore le monde complexe et enchanteur de l’Ogham, cet alphabet de vingt-cinq signes qui est aussi une écriture secrète et un langage partagé par les initiés. L’Ogham, la plus ancienne écriture celte connue, aux origines incertaines, gravée sur des pierres dressées, se rencontre principalement en Irlande mais aussi en Grande Bretagne.
Chacune de ses lettres évoque un arbre ou un végétal d’où son appellation d’alphabet celte des arbres. Son usage est multiple. L’Ogham, avant d’être un langage assurant la communication entre druides, ovates et bardes, a une fonction magique et oraculaire et célèbre le lien profond de l’être humain avec la nature et plus particulièrement la forêt.
S’intéresser à l’Ogham aujourd’hui, c’est participer à ce réenchantement du monde auquel beaucoup aspirent : « L’Ogham celtique rend hommage aux arbres, qui symbolisent la vie et qui, des profondeurs de la terre jusqu’au ciel, relient les différents plans de l’existence. Le culte des arbres est abondamment attesté chez les Celtes ; le règne végétal occupait une place éminente dans la religiosité de l’Europe païenne.
Nous sommes loin de la vision « aspirituelle » et consumériste de nos sociétés dites modernes, qui considèrent les arbres, la nature et la planète en général comme une réserve de ressources à exploiter pour le profit, le confort et le plaisir à court terme de l’homme, et rien de plus. Toutes les anciennes religions étaient plus ou moins chamanistes, en relation directe avec la nature qui était profondément respectée, puis les grands monothéismes placèrent l’être humain, toujours enclin à l’égoïsme, au sommet de la création, en position de maître, et l’équilibre fut rompu. » Julie Conton rassemble ici les composants du symbolisme de l’Ogham, introduit à l’enseignement qu’il véhicule et développe son usage oraculaire.
Pour cela, elle fait le lien avec la mythologie, le folklore, le Futhark, le Tarot et signale les qualités de la plante elle-même. L’ouvrage, de près de quatre cents pages, dense mais accessible grâce à sa structuration, se termine par le très beau Câd Goddeu ou « Combat des arbres », « Combat de la forêt », long poème qui fait partie du Roman de Taliésin, Taliésin étant « métaphoriquement, le Poète idéal, le Barde et Sage suprême, il est l’archétype du Poète voyant détenteur de la Connaissance, parfois assimilé au célèbre Merlin ».
L’ouvrage est dédié à la mémoire de Rémi Fraisse, étudiant en botanique, écologiste, tué à 21 ans d’une grenade offensive le 26 octobre 2014 pour avoir voulu protégé la forêt de Sivens.