Une nouvelle fois, les Editions Sesheta répondent à une nécessité en mettant à notre disposition un ouvrage fondamental devenu rare. Les quatre volumes de La Philosophie Occulte sont rassemblés sur la base de la première traduction française de 1717 réalisée par A. Le Vasseur d’après l’édition latine de 1533 publiée à Cologne. L’édition présente reprend le texte de Le Vasseur, renforcé par des notes et des commentaires. Le choix fait est celui de l’opérativité hermétiste plutôt que celui de l’érudition. Les sources utilisées par Cornélius Agrippa sont également identifiées. La vie, agitée, de l’auteur est reconstituée chronologiquement avant que le lecteur ne soit introduit à cette somme.
Davantage qu’en mage, c’est en mystique sceptique que Cornélius Agrippa a rédigé ses quatre volumes après des études comparatives très poussées des textes à sa disposition. Son esprit de synthèse, sa capacité à identifier des archétypes, à faire des liens, parfois audacieux, à compiler, emprunter, mettant à profit sa vaste érudition et sa connaissance des langues, font de lui une figure emblématique de la Renaissance, désireuse de tout embrasser.
Très influencé par l’Académie platonicienne de Marsile Ficin, Cornelius Agrippa s’inspira aussi de certains enseignements kabbalistes, des écrits testamentaires et d’autres sources comme le Picatrix. Il est, il reste un chrétien. De 1502 à 1507, Agrippa reste à Paris, noue des relations et participe à la fondation d’une fraternité, Sodalitas. C’est à cette époque qu’il jette les bases de sa Philosophie Occulte qui prendra forme en 1509-1510 dans un premier ouvrage en trois volumes qu’il ne cessera de retravailler et améliorer jusqu’à l’édition des quatre volumes aujourd’hui connus.
Le premier volume, La Magie Naturelle, traite des influences occultes dans la nature, des 4 éléments, des planètes, etc. ; le deuxième volume, La Magie céleste traite des mondes à travers les Nombres, des mathématiques sacrées, de la géométrie ; le troisième volume, La Magie cérémonielle, aborde la science magique, l’angéologie, la kabbale, la guématrie et autres disciplines spirituelles ; le quatrième volume, consacré aux Cérémonies magiques, publié après sa mort en 1555, approfondit le livre IV.
L’oeuvre recevra l’approbation de l’abbé Trithème. Près du terme de sa vie, Cornelius Agrippa renia presque sa Philosophie Occulte et plus particulièrement les pratiques magiques qu’elle suggère, dans un regard presque catholique. Cette œuvre eut une influence considérable sur les mouvements initiatiques et magiques.
Compris ou déformés, les propositions contenues par ces quatre volumes alimentèrent de nombreux travaux d’organisations occultistes et de nombreux écrits. C’est un document important pour comprendre l’évolution de la scène spirituelle européenne et pour saisir cette source néo-platonicienne et son vaste rayonnement.