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Histoire des Francs-maçonneries eurpéennes du XVIIIe siècle à nos jours, tome 2, d’Yves Hivert Messeca.

Voici le deuxième volume d’un ensemble qui en comportera quatre. L’ambition de l’auteur est de nous donner une vision européenne de la Franc-maçonnerie, une initiative doublement précieuse. L’histoire maçonnique est européenne. La Franc-maçonnerie a tissé des liens entre des cultures, des langues, des approches initiatiques régionales du continent européen. Elle a constitué un réseau de lieux entre parenthèses où la rencontre demeurait possible malgré les conflits et les rivalités des Royaumes et des Républiques européens, sources de tourmentes incessantes. Aujourd’hui, appréhender cette histoire européenne de la Franc-maçonnerie c’est aussi contribuer à l’émergence d’une Europe encore à venir.

L’apport des sciences humaines permet de découvrir avec lucidité ce que fut la vie maçonnique. Bien des préjugés et des idées préconçues, actifs tant chez les profanes que chez les Francs-maçons, tombent à la lecture de cet essai érudit.

L’ouvrage est divisé en quatre grandes parties : Heurs et malheurs de la Franc-maçonnerie européenne dans les premières décennies du XIXe siècle – La Franc-maçonnerie entre libéralisme et contre-révolution – La Franc-maçonnerie européenne entre nationalisme, dispersion idéologique et renouveau (décennies 1860-1900) – La Franc-maçonnerie européenne à la fin du XIXe et au début du XXe(décennies 1880-1910). Plutôt que de faire l’histoire, la Franc-maçonnerie apparaît bien souvent ballotée par elle et ses principes soumis à rude épreuve quand ils se confrontent à la cruelle réalité.

Comme le relève judicieusement Aldo Mola dans sa préface, Yves Hivert-Messeca traque l’Art Royal dans les agitations du siècle, rassemble ce qui est épars et donne une cohérence à un ensemble morcelé. L’enjeu est considérable nous confie Aldo Mola :

« Riche et suggestif, ce second panneau  du « tétraptyque » mis en chantier par Yves Hivert-Messeca depuis des années, avec une générosité admirable, offre des sujets d’ample réflexion bien au-delà des frontières des événements strictement maçonniques, comme il est juste que cela soit dans une perspective de vision globale et intégrale du processus historique. Nous reviendrons évaluer cette œuvre quand sera publié le troisième volume. Déjà il est possible de souligner la pertinence de la méthode. L’auteur a complètement raison de demander la fin d’une histoire fragmentée de la Franc-maçonnerie, d’une Franc-maçonnerie analysée isolément de l’intérieur, de contester la pertinence anthropologique du concept de « massoni senza grembiulino » (maçons sans tablier), sorte de « baptisés du désir », source d’équivoques interprétatives du monde maçonnique, qui est déjà à lui seul et consubstantiellement un kaléïdoscope, comme le montre Yves Hivert-Messeca dans de vastes chapitres bien documentés. Evoluant en obédiences désormais nationales, voire nationalistes, la Franc-maçonnerie s’ingénia à briser son unité « originelle », pour devenir plus « dispersive » qu’une cathédrale inachevée. A l’intérieur de chaque pays, les dénominations maçonniques se multiplièrent dans un jeu de miroirs, sorte de métamorphose de la Parole Perdue. »

Parmi les nombreuses questions posées par l’auteur, celles-ci : Pourquoi la querelle des Anciens et des Modernes en Angleterre ? Comment la Franc-maçonnerie allemande oscilla-t-elle entre les Lumières et le nationalisme ? La Sainte Alliance est-elle d’inspiration maçonnique ? Pourquoi l’espace catholique européen devint-il en si peu de temps un terroir maçonnique ? Comment d’aussi vieilles monarchies absolues favorisèrent-elles ces réseaux prérévolutionnaires ? Le Grand Orient de France trouve-t-il ses gènes dans son gallicanisme politique ? Les maçons russes mystiques ou rationalistes ? Pourquoi la Franc-maçonnerie italienne fut-elle aussi divisée ?  L’indépendance de la Grèce, mythes ou réalités du philhellénisme maçonnique ? Etc.

C’est un ouvrage d’investigation qui donne à penser aussi bien la nature de la Franc-maçonnerie dans ses multiplicités que son sens initiatique qui se constitue dans la rencontre de l’institution maçonnique avec les temps et les espaces qui sont les siens.

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