Mystères et significations du temple maçonnique de Patrick Geay, collection Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, Editions Dervy.
L’auteur est guénonien et il est bon de ne pas l’oublier en lisant ce travail excellent, publié pour la troisième fois, dans lequel nous retrouvons les points forts de la pensée de Guénon mais aussi, estompées par le temps, ses erreurs (hypertrophie de la filiation historique, survalorisation de la Franc-Maçonnerie, cristallisations dualistes diverses…).

Ceci est sans importance au regard de l’apport de l’auteur dans la mise en œuvre opérative des symboles maçonniques. Il pose rapidement l’enjeu de l’interprétation, trop souvent oublié :
« En effet, si l’on pense que le symbole contient du sens avant même d’être interprété, ceci implique la pré-existence d’une idée qui représente en quelque sorte le fondement ontologique du symbole tel qu’il nous apparaît, autrement dit la réalité d’une Pensée divine originelle établissant une relation nécessaire entre cette idée et la forme qui la manifeste. De ce point de vue, le sens du symbole ne saurait évidemment être arbitraire ou conventionnel dans la mesure où les éléments qui le composent sont eux-mêmes l’expression adéquate d’un ensemble complexe de significations. L’exemple le plus simple que l’on puisse citer est celui de la correspondance entre la signification symbolique d’un nombre avec celle de son corps géométrique. Dans tous les cas, l’image véhicule un noyau intelligible qu’elle a précisément pour vocation de rendre visible. Le symbole est donc le milieu par lequel le spirituel et le corporel se rencontrent, mais aussi le support sensible grâce auquel la doctrine traditionnelle se transmet d’âge en âge. »
Patrick Geay insiste sur la connaissance des bâtisseurs et sur la permanence d’une géométrie secrète sans préciser s’il parle encore d’une géométrie du tracé ou de la géométrie secrète de l’intervalle. Il insiste également, à propos du « Verbe/Architecte », sur le fait que « la tradition maçonnique a bien hérité, d’une manière directe de la kabbale juive dont elle est, suivant l’expression de l’hébraïsant Daniel Cohen, une « extériorisation » manifeste… ». S’il ne relève pas la multiplication des erreurs dans l’usage fait de l’hébreux dans la Franc-maçonnerie, il met en évidence de manière convaincante l’identification de l’Architecte divin à la Mère divine et rétablit la la Sagesse dans sa fonction première.
Son analyse permet de mieux saisir la fonction des rituels par exemple à travers la question de la signification du mot Elohim, de l’ordre et de l’ordonnancement ou du caractère collectif de la maîtrise, l’articulation, la distinction ou le choix entre approche par le pur désir de la Réalité ou approche par la compréhension doctrinale, la transfiguration de l’espace...
Une part de ce travail est consacrée aux trois grades bleus de la Franc-maçonnerie. Plutôt que de faire un catalogue symbolique quelque peu plaqué de chaque grade comme nous le rencontrons souvent, Patrick Geay a voulu avec justesse laisser des pistes permettant de saisir ou d’avoir le pressentiment du sens initiatique du grade. Il écarte et même condamne, avec raison, toute approche psychologique. En effet la psychologie concerne la « personne » alors que l’initiation commence quand il n’y a plus « personne ».
Pour l’auteur, la Franc-maçonnerie, malgré ses nombreux aspects « dégénérés » dont il est très conscient, serait en mesure d’être un trait d’union entre les forces spirituelles pour l’établissement d’une Paix universelle et d’un Empire spirituel.
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.
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