La tradition tantrique s’exprime sous forme de dialogues entre Shiva et Shakti principalement, parfois entre d’autres divinités masculines et leurs parèdres respectives.
Si le tantrisme s’appuie sur la transgression et la « folie orientée », l’auteur prend soin de balayer les clichés courants et faciles qui associent trop systématiquement sexualité et tantrisme en rappelant les exigences, les singularités et la profondeur de ce courant majeur des voies non-duelles.

« Le Tantra, précise-t-il, est issu de cultes anciens de Déesses mères et de rituels de fécondité, il remonte aux origines ethniques dravidiennes et peut-être au-delà dans la préhistoire. La philosophie shivaïte a trouvé sa plus belle expression du VIIème au XIIème siècle de notre ère au Cachemire avant l’invasion musulmane et possède une figure de premier plan en la personne du philosophe Abhinavagupta. (…)
Le Tantra traite de l’élargissement du champ de la conscience. Depuis la nuit des temps, les yogins tantriques ont réalisé qu’il existe une force potentielle dans le corps physique, ils l’ont nommée Kundalini, « la lovée », la comparant à un serpent qui ne demande qu’à se déployer le long de la colonne vertébrale. (…)
L’éveil de la Kundalini est celui de l’énergie cosmique qui gît, latente, en chaque être humain. Elle est à l’origine de l’énergie vitale, prana, et de l’énergie héroïque, virya. Selon Abhinavagupta : « Shiva, conscient, libre, d’essence transparente, sans cesse vibre, et cette suprême énergie monte à la pointe extrême des organes sensoriels ; il n’est plus alors que jouissance et, comme lui, vibre l’univers entier ». »
Par des chapitres brefs, précis et clairs, Vincent Bardet introduit le lecteur aux multiples facettes du Tantra : corps tantrique, chakras, Hamsa, Kundalini, Bhairava, Mahakala, Raja Yoga, Yantra, Kali pour clore cette partie par un hymne à la Déesse Kali.
La seconde partie, dans laquelle nous croisons George Bataille et Antonin Artaud, est intitulée Les guerriers de Lumière. L’auteur rend compte d’un regard tibétain sur la fonction guerrière dans le contexte hostile de l’agression chinoise contre le peuple tibétain. Il rappelle la permanence d’une sagesse guerrière qui sait la stérilité finale de l’agression et qui veut, dans la tradition de Shambhala, faire du monde un lieu propice à l’éveil.
La troisième partie est consacrée à la tradition bouddhiste et la pratique de Vajrayogini qui fut fortement influencée par la haute métaphysique non-duelle du shivaïsme :
« Comme dans le système shivaïte, les pratiques kapalikas et sexuelles dans le bouddhisme tantrique sont fondées sur une métaphysique non-duelle. Les pratiques kapalikas sont un défi aux tendances dualistes de l’esprit, attaquant la dichotomie sujet et objet, et donnant accès à une réalité non-duelle. C’est ce que l’on appelle la voie de la main gauche. (…)
Le développement du shivaïsme non-duel et des anuttara Tantras bouddhistes préparent le terrain à l’émergence du culte des Déesses. »
Naturellement, la dernière partie est consacrée au « Secret de Shambhala et à la tradition du Kalatchakra.
L’ensemble du livre permet une perception globale et saine de ces voies directes, de leurs opérativités et de leur inscription inévitable dans le silence de la conscience non-duelle.
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

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