C’est là un livre très important pour qui veut approcher le système avicennien, mais également pour tous ceux qui étudient la pensée de Henry Corbin. Le livre fut élaboré pour le centenaire d’Avicenne.

Il rassemble trois textes d’Avicenne, commentés par Corbin qui met ainsi en perspective l’angéologie particulière à Avicenne et sa doctrine des Intelligences et âmes célestes.
Avicenne raconte le pèlerinage de l’âme vers son Ange personnel. Perspective gnostique présente dans l’islam mais que l’on retrouve dans d’autres traditions avec plus ou moins de bonheur. De l’expérience d’Avicenne, Henry Corbin traite de l’expérience visionnaire en général. Quel en est le sujet? Quel en est la portée? Quel est la place de l’imaginal dans le processus mystique?
Les trois récits du cycle des récits visionnaires d’Avicenne sont : le Récit de Hayy ibn Yaqzân, le Récit de l’oiseau, le Récit de Salâmân et Absâl.
Extraits de la présentation de Henry Corbin:
Chacun de nous porte en lui-même l’Image de son propre monde, son Imago mundi, et la projette dans un univers plus ou moins cohérent, qui devient la scène où se joue son destin. Il peut n’en avoir pas conscience, et dans cette mesure il éprouvera comme imposé à lui-même et aux autres, ce monde qu’en fait lui-même ou les autres s’imposent à eux-mêmes. C’est aussi bien la situation qui se maintient tant que les systèmes philosophiques se donnent comme objectivement établis. Elle cesse proportionnellement à la prise de conscience qui permet à l’âme de franchir triomphalement les cercles qui la retenaient prisonnière.
C’est pourquoi les différents édifices qui forment le système de l’univers avicennien s’y retrouvent non plus à l’état de demeures qui moulent de l’extérieur la pensée, mais sous forme d’étapes que franchit successivement l’âme victorieuse de ses propres entraves, en sortant de son Exil. La rupture de niveau une fois consommée, l’âme révèle toutes les présences qui l’habitaient depuis toujours, sans qu’elle en ait eu jusque-là conscience. Elle révèle son secret; elle se contemple et se raconte comme à la recherche des siens, comme pressentant une famille d’êtres de lumière qui l’attirent vers un climat au-delà de tous les climats jusque-là connus. Ainsi se lève à son horizon un Orient que sa philosophie anticipait sans le savoir encore. La figure de l’ Intelligence agente qui domine toute cette philosophie révèle sa proximité, sa sollicitude. L’Ange s’individue sous les traits d’une personne précise, dont l’annonciation correspond au degré d’expérience de l’âme à laquelle il s’annonce : c’est par l’intégration de toutes ses puissances que l’âme s’ouvre à la trans-conscience, et anticipe sa propre totalité.
Cette totalité - Homo integer - ne peut s’exprimer qu’en un symbole. L’authenticité de cette expérience de maturité spirituelle s’atteste dans la mesure où un être atteint à la puissance de configurer son propre symbole.

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