Zoroastre est à la fois connu et mal connu en Occident. Jean Varenne, d’emblée, insiste sur les nombreux contre-sens qui perdurent à son sujet dont le plus étonnant est sans doute d’avoir fait de Zoroastre, qui pourfendait les magiciens, l’un des pères de la magie.
Ce livre constitue sans doute la meilleure introduction possible au zoroastrisme, un courant qui n’a cessé de fasciner au fil des siècles tout en demeurant largement inaccessible.
Jean Varenne restitue la vie historique et la vie légendaire de Zoroastre, dans son environnement culturel et politique, au cœur de la riche complexité de cet Orient qui nous est simultanément très proche et très éloigné.
Zoroastre (660-583 av. J.C.) fut un réformateur à la fois audacieux et prudent. La religion iranienne archaïque est très proche de la religion védique de l’Inde, tout comme il y a parenté entre le sanskrit védique et l’iranien avestique. Mais leurs évolutions respectives seront différentes, voire divergentes, pour des raisons encore inexpliquées.
Au VIIème siècle, lorsque Zoroastre commence à prêcher, le ritualisme s’est largement imposé en Iran. Lettré, « nourri de poésie liturgique », Zoroastre n’aura de cesse de revenir à la pureté de la Tradition. Au contraire de Bouddha qui, presque à la même époque (558-478 av. J.C.), va rompre radicalement avec les formes traditionnelles, la démarche et la réforme de Zoroastre seront conservatrices, ce qui vaudra à son discours, souvent agressif, d’être entendu, non sans mal, mais entendu tout de même, par ses pairs.
Zoroastre, familier des ascèses dans le désert, revendiquera un accès direct au divin, une expérience fondamentale, une mystique de l’Esprit Saint, d’où s’écoulera son enseignement.
Le succès de la religion réformée de Zoroastre est assuré lorsque Vishtâspa, souverain du Balkh adhère pleinement à l’enseignement de Zoroastre et convertit ainsi l’ensemble de sa cour.
La question du dualisme supposé de la doctrine zoroastrienne peut être posée. En effet, il est probable que Zoroastre soit moins dualiste qu’il n’y paraisse dans certains passages de son enseignement. Il propose aussi une « simplification », un retour à l’Un, en invitant ses disciples à se consacrer à Ahura Mazdâ, le Dieu suprême, plutôt qu’à des entités intermédiaires.
L’une des principales caractéristiques du zoroastrisme, ou mazdéisme, est son profond optimisme métaphysique qui se traduit par un optimisme au quotidien. Ceci le différencie radicalement des autres grands courants traditionnels qu’il côtoie.
Jean Varenne conduit le lecteur, avec clarté, au sein de l’une des manifestations religieuses les plus originales, les plus riches aussi, de l’expérience humaine. En introduisant de larges extraits des paroles de Zoroastre, les Gâthâs, chants, cantiques, hymnes, des poèmes inspirés en langage crépusculaire, il permet aussi au lecteur d’approcher l’enseignement de Zoroastre par son expression peut-être la plus puissante.