Voici un petit livre important, non seulement pour qui s’intéressent au soufisme, mais pour tous ceux qui sont concernés par les voies d’éveil car c’est bien d’éveil qu’il s’agit.

Depuis la chute de l’ex-empire soviétique, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kirghizistan, avec le retour de l’islam et la renaissance culturelle, certaines traditions préservées dans la discrétion refont surface, c’est la cas du soufisme de la confrérie Naqshabandi dont l’influence est croissante.
Djélak Salik livre raconte l’histoire de ce courant à travers ses grandes figures depuis la première d’entre elles, Yusuf Hamadani. En même temps, il indique les techniques essentielles qui fondent bien une voie directe, dépouillée, efficiente, techniques que l’on retrouve dans d’autres traditions comme le rappel de soi, la présence à soi-même, la respiration consciente.
« Abd al-Khaliq donna aussi une série de huit règles aphoristiques qui résument les techniques spirituelles de la voie des Maîtres Kwajagans. Elles constituent « l’Essence de l’enseignement » et suivent une progression subtile depuis la simple attention au souffle, jusqu’à l’illumination spirituelle.
Hosh-dar-dam (de hosh, la conscience, et de Dam, le souffle) : respire consciemment, sois présent à chaque souffle. C’est-à-dire ne laisse pas ton attention s’égarer même le temps d’une respiration ; rappelle-toi à toi-même en toutes circonstances. Selon les maîtres, c’est la respiration consciente qui permet à l’homme intérieur de se nourrir, car le souffle est l’essence de la vie. C’est ainsi que le disciple peut demeurer vigilant, connecté à la Présence. Cette discipline est très proche de celle de Vipassana dans le bouddhisme Théravada qui consiste à être conscient du passage du souffle. Par la suite, certains Maîtres relieront la respiration avec le Dhikr.
Nazar-bar-qadam (de qadam, le pas) : évite le faux pas. Ne détourne pas ton attention de tes pas, c’est-à-dire demeure conscient de ton but, de ta source.
Safar dar vatan. Le voyage de retour chez soi. Ce qui signifie que la voie consiste à sortir des apparences illusoires pour pénétrer le monde de la Réalité (alam i-wujub), qui est notre seule véritable demeure.
Khalvat dar endjouvan. Solitude dans la foule. Quels que soient ton activité, tes rencontres, les événements de la vie, garde le fil de la Présence.
Yad kard (de yad, le souvenir et de kard, la pratique) : la pratique du souvenir. Ce souvenir est évidemment celui de Dieu. Son oubli éloigne de la source qui vivifie toutes choses. Ce souvenir se garde grâce au dhikr silencieux, le dhikr du cœur.
Baz gasht : retour à Dieu. Ce précepte est interprété comme la nécessité de n’avoir qu’un seul but, l’union avec Dieu qui se trouve en nous. Ce désir d’union est comme une plante qui doit être préservée des mauvaises herbes qui pourraient la parasiter. Ces « mauvaises plantes » sont les autres désirs.
Nigah dasht : la vigilance, le fait d’écarter les pensées dispersantes indésirables, pour fixer l’esprit sur l’activité que nous avons entreprise.
Yad dasht : conscience du souvenir, garder conscience de Dieu en son cœur « à chaque souffle ».
Après vient wuquf-i-adadi, le silence, et wuquf-i-kalbi, l’illumination du cœur. »
La pratique culmine dans le cœur et le lecteur sera particulièrement intéressé par la pratique des cinq cœurs, pratique que l’on retrouve dans d’autres voies internes.

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