Au bout de quinze années de travail, Gustav Davidson est passé du statut de simple collectionneur à celui d’’archiviste, de biographe et de lexicographe des anges. Son travail, considérable, constitue un formidable outil de travail pour tous ceux qui, d’une manière ou une autre, ont à faire avec les anges.

Bien que parlant beaucoup des anges, la Bible reste pauvre en références explicites, Gustav Davidson rechercha et étudia papyrus, codex, textes saints, grimoires, formules magiques, textes apocryphes, rituels kabbalistiques… mais aussi fouilla la poésie et la littérature, parfois habitées, pour identifier plus de quatre mille anges, archanges, dominations, vertus, puissances, trônes, principautés, forces, chérubins, séraphins et assimilés. Parmi ces textes, les trois livres d’Enoch bien sûr.
On imagine aisément les difficultés, les confusions possibles, dont la question, essentielle, du nom ou des noms de l’ange, indispensables dans la plupart des cas pour l’évoquer ou l’invoquer.
Les quatre mille entrées de ce dictionnaire permettent de retrouver des informations sur de nombreuses entités même si toutes, loin s’en faut, ne sont pas présentes. Point de sceaux, point de signatures, point de chiffres non plus dans ce dictionnaire, mais une tentative d’identification la plus précise possible, un repérage de la place de l’entité dans la cosmogonie qui est la sienne, les correspondances éventuelles, une indication des sources principales. Les annexes présentent des tableaux intéressants et des listes de noms d’un même ange, quelques sceaux. La bibliographie est conséquente et très complète.
La question, inévitable, du sexe des anges est abordée dans l’introduction. Les esprits invisibles en prenant formes dans les représentations des hommes furent souvent dotés d’un sexe. Si la plupart des entités sexuées sont masculines, quelques-unes sont féminines :
« … les anges des Ecritures étaient conçus comme masculins. Cependant, il ne fallut pas beaucoup de temps pour qu’une « femelle » de l’espèce fasse son apparition. Dans la première tradition rabbinique, comme dans la tradition occulte, on en trouve quelques unes : tout d’abord la Shekinah. Elle était « l’épouse de Dieu », le divine inwohnung de l’homme, qui demeure avec les couples légalement mariés et qui bénit leur union conjugale. Il y avait Pistis Sophia (foi/sagesse), une éternité gnostique de haut rang, dont on dit qu’elle est la « procréatrice des anges supérieurs ». Il y avait aussi Barbelo, épouse de Cosmocrator, un grand Archonte, « parfait quant à sa gloire et qui vient juste après le Père de toute chose ».
Et puis Bat Qol, la « voix céleste » ou « fille de la voix » de la tradition juive, une prophétesse symbolisée par une colombe, qui donna des avertissements et des conseils quand les jours de prophétie eurent pris fin. On pense aussi à la gnostique Drop, ou Derdekea. Selon le codex Berlin, Drop avait l’habitude de descendre sur terre aux moments critiques « pour le salut de l’humanité ». Il y a également les six émanations du côté gauche de Dieu, créées pour contrebalancer les dix émanations masculines de son côté droit. Enfin, la mégère Eisbeth Zenunim, ange de la prostitution et compagne de Sammael. En hébreu, eisbeth zenunim signifie « femme de bordel » et l’épithète s’applique avec la même intensité aux trois autres épouses de Sammael : Lilith, Naamah et Agrat bat Mahlah. Ce quatuor d’amour libre constitue un genre de composé juif équivalent à l’Astarté sidonienne… »
D’autres thèmes sont abordés : la génération des anges, leur immortalité supposée, leur éternité refusée (Seul Dieu est éternel), leur demeure, leurs devoirs et leurs pouvoirs.
Cette somme a donc sa place dans les bibliothèques occultistes ou hermétistes.

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