Constatant la suffisance et l'incompétence des universitaires et érudits occidentaux qui s'étaient spécialisés sur le sujet du taoïste, Benjamin Hoff eut l'idée, proprement géniale, d'écrire un livre sur le taoïsme à partir des personnages de Winnie l'ourson. C'est ainsi que Porcinet, Bourriquet, Ma”tre Hibou, Coco Lapin, l'inévitable Tigrou et bien sér Winnie (appelé aussi Pooh) sont devenus taoïstes pour notre plus grand bien.
C'est en 1982 que fut publié Le Tao de Pooh aux éditions Dutton. Benjamin Hoff récidive avec un nouveau texte, délicieux et profond, Le Te de Porcinet publié aux éditions du Rocher, afin de poursuivre son incursion dans la pensée chinoise. Il marie avec dextérité et aisance l'humour et la philosophie taoïste de l'éveil.
Te désigne en philosophie taoïste chinoise, contrepoids d'un confucianisme codifié et ritualisé, la vertu du Tao, son efficacité ou son application pratique. Te est donc indissociable du principe du Tao. Mais laissons faire Benjamin Hoff et sa bande de copains :
"Depuis la Grande Séparation, les taoïstes se sont attachés à atteindre l'état de Vertu Parfaite en écartant tout ce qui pourrait nuire à l'harmonie avec le Tao.
Parler de la vertu nous ramène maintenant au titre de ce livre.
"Je me demandais quand tu allais y parvenir" dit Porcinet.
"Tu vois, c'est fait. Donc..."
En premier lieu, il convient de préciser que le caractère chinois Te, comme dans le "Te de Porcinet", se prononce plutôt DEH. Si vous voulez vous distinguer des autres, vous pouvez ajouter un vague son "r" à la fin : DEHr. Pour être encore plus pointilleux, vous pouvez prononcer ce mot à mi-chemin entre DEHr et DEUHr. Et...
"Et si vous voulez encore faire mieux" encha”na Bourriquet, "vous pouvez prendre des cours par correspondance."
"Oh Bourriquet. J'ignorais que tu te trouvais là. Je te croyais à ton étang."
"Puisque nous en sommes à appeler les choses par leur nom", reprit Bourriquet, "parlons plutôt de mare : M.A.R.E. Oui, j'y étais. Puis j'ai fait l'erreur de venir ici. Ë présent ayant entendu tout ce qui m'intéressait, j'y retourne."
"Bon, on ne veut pas te retenir plus longtemps."
"Toutes ces explications !" marmonna Bourriquet en s'avançant vers la porte.
"Bourriquet est ainsi, n'est-ce pas ?" dit Porcinet.
"Pas toujours", répondis-je. "Parfois, il est encore pire."
Comme nous le disions, Te se prononce DEH. En chinois classique, on peut l'écrire de deux façons. La première associe le caractère "droit" au caractère désignant "le coeur". Ainsi, on obtient le mot "vertu". La seconde leur adjoint le caractère "pied gauche" qui, en chinois, signifie "sortir". Son sens est alors "la vertu en action"
Te n'est pas comme le suggère le mot "vertu", qui lui correspond en français, une sorte de comportement ou de qualité convenant pour tout - quelque chose qui serait par essence la même quelle que soit la personne qui la possède. Non, c'est au contraire quelque chose ayant une valeur, une force spirituelle ou un potentiel secret unique chez chaque individu - une qualité qui émane de la nature intérieure des choses. Et une qualité, faut-il ajouter, dont l'individu qui la possède n'a pas conscience - comme Porcinet dans la plupart des aventures le mettant en scène.
Dans ce livre, nous nous intéressons au processus qui transforme "la vertu" en "vertu en action". Et Porcinet, je pense, est dans l'entourage de Pooh l'animal le plus à même de servir d'exemple. Dans les histoires de Pooh, c'est en effet Porcinet, et uniquement lui, qui accomplit une telle transformation."
Nous retrouvons dans ce livre l'alliage subtile de profondeur et d'impertinence nécessaire pour forger la lame du sabre qui tranchera l'ego.
Procurez-vous ce livre et dégustez-le. Prenez comme gourous Porcinet, Tigrou ou Ma”tre Hibou... Vous ne le regretterez pas !

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