Jean-Charles Pichon

Jean-Charles Pichon (1920 – 2006) est une personnalité remarquable trop méconnue. Philosophe-mathématicien, auteur, poète, dramaturge, ésotériste, il laissa une œuvre considérable qui n’est que pour partie disponible. Il est l’un des grands penseurs français du siècle dernier et, comme souvent en France, il est oublié, ignoré, aux bénéfices de ceux qui ont su arpenter les couloirs des médias. Pour une biographie de cet être étonnant, et beaucoup d’autres documents et contributions, nous vous orientons sur l’excellent site :

https://www.jeancharlespichon.com/

L’œuvre de Jean-Charles Pichon est complexe et aborde de multiples domaines, des sciences à l’ésotérisme en passant par les mythes, le religieux, l’art et la politique. Souvent visionnaire, il pressent les événements et surtout les mouvements visibles et invisibles qui les conduisent, ce qui fait de ses écrits une œuvre pour le futur. Plus nous avançons dans ce XXIe siècle, plus cette œuvre fait sens. Il fut un chercheur marginal, mais comme nous le savons tous ici, le Centre de toutes choses ne se trouve pas dans les consensus mais bien dans les marges.

En 1965, il publie L’Homme et les dieux, une « histoire thématique de l’humanité » considérée par certains comme son œuvre maîtresse, une œuvre sans cesse à augmenter comme il le dit lui-même, nécessairement incomplète mais ô combien importante par la vision qu’elle confère au lecteur de sa place dans le temps et dans l’espace. Beaucoup empruntèrent à ce livre sans le citer depuis sa première édition en 1965, de Louis Pauwels à Mircea Eliade (ce dernier puisa aussi beaucoup chez Lucian Blaga sans davantage le citer). Jean-Charles Pichon, en relevant le défi d’un travail réputé impossible, rendre compte de l’histoire globale de l’humanité et sa conception du religieux et du divin, a démontré tout l’intérêt de tenter l’impossible. Il pose les bases solides d’une théorie de l’histoire cyclique qui imprègne sa vision et son œuvre et qu’il ne cessera d’approfondir.

Nous présentons ci-dessous un ouvrage essentiel pour comprendre cette théorie et ses applications fascinantes. Jean-Charles Pichon n’est pas le seul auteur à développer le sujet, nombre d’ésotéristes de valeur, comme Fulcanelli, Paul Le Cour, Saint Yves d’Alveydre, Antoine Fabre d’Olivet, Claude Bruley, Armand Toussaint… s’y sont intéressés, chacun avec leur spécificité, mais sans doute est-il le seul à avoir poussé si loin les investigations en les confrontant au réel.

 

L’histoire cyclique selon Jean-Charles Pichon

Julien Debenat

Les Chemins de Traverse. Le livre coûte 22 euros, une petite frise miniature est offerte avec. Les frais d’envoi postal pour la France sont de 5 euros, donc il faut compter 27 euros. Il est disponible en passant commande par e-mail à :

les-chemins-de-traverse-56@orange.fr

Julien Debenat a connu Jean-Charles Pichon, un ami de son père, alors qu’il était enfant. Il a baigné dans cette pensée hautement créatrice de « l’éternel retour » au point de vouloir donner aux chercheurs intéressés deux outils de travail : une frise représentant trois des douze ères du zodiaque : Bélier, Poisson, Verseau en partie, et un guide permettant de s’approprier cet outil, de l’interroger et de le développer.

« Les trois ères se superposent, précise Julien Debenat, proposant ainsi deux sens de lecture : un sens horizontal, chronologique (à l’instar d’une frise historique classique), et un sens vertical, dans lequel se font écho les périodes, les événements et les personnages historiques de chaque ère. La frise "Pichon" est sans doute la première du genre, et en ce qu’elle présente une partie de l’histoire passée mais aussi future de l’humanité, mais surtout par sa forme spirale. »

La forme spiralaire est propre au mouvement initiatique porté par l’aiôn, qui vise à nous extirper du temps conditionné de chronos. Le jeu entre les temps conditionnés, qui diffèrent d’une personne à une autre, d’un peuple à un autre, et les propositions de l’aiôn qui nous ramènent face aux mêmes situations spirituelles mais pour des avancées de plus en plus profondes est d’une grande subtilité et demande au voyageur des temps présents d’affronter chaque contradiction, chaque mystère, inlassablement.

 

 

 

Le sujet des cycles est étroitement lié à celui du prophétisme qui offre trois voies, indique Julien Debenat : « L’inspiration directe (Dieu parle directement, ou par l’intermédiaire d’un messager, à l’inspiré) – la gnose (fondée sur une science des cycles temporels et des symboles mythologiques) – la divination magique (liée à un support de mancie : lecture dans les entrailles d’un animal, dans une boue, une boussole, un miroir, une image). »

Jean-Charles Pichon « étend ensuite ces trois distinctions à toute forme de relation avec la réalité » : « la connaissance, l’instinct et la perception sensorielle ». C’est en explorant aussi bien les disciplines traditionnelles que les arts qu’il entend reconnaître et établir des rapports créatifs avec la ou les réalités. Le système est dynamique, c’est-à-dire qu’il s’interroge lui-même pour ne pas se reproduire à l’identique. C’est en cela que l’application de la théorie des cycles peut se faire chemin initiatique.

Julien Debenat détaille suffisamment des éléments de théorie et de pratique pour que le lecteur intéressé puisse expérimenter et valider ou invalider, en totalité ou en partie, la théorie. Ce faisant et quel que soit le résultat, il ne manquera pas de découvrir bien des aspects cachés de lui-même comme du monde.

Notre monde prométhéen est fâché avec le sens de la prophétie bien que d’aucuns ne cessent de nous asséner de fausses prophéties. Traditionnellement, une prophétie n’est pas une prédiction de l’avenir mais un plan à suivre, un plan inspiré, toujours orienté vers la liberté. Jean-Charles Pichon tenta dans son œuvre de décrypter le plan des dieux pour différentes ères et particulièrement pour l’ère du Verseau. La frise établie par Julien Debenat, son guide et ses commentaires, mettent à notre disposition les résultats de ce décryptage à la fois savant et poétique.

Il faut souhaiter un renouveau de l’attrait pour l’œuvre de Jean-Charles Pichon. S’il a écrit pour le XXIe siècle, il est temps de se mettre à l’étude. Son œuvre intéresse aussi bien les sociétés initiatiques que les groupes artistiques ou les cercles philosophiques, tous ceux en réalité qui veulent rester libres.

Rémi Boyer

Chaque année, les Rencontres de Berder permettent d’explorer un pan de l’œuvre vaste de Jean-Charles Pichon et de l’interroger en lien avec d’autres démarches, d’autres travaux, d’autres auteurs. Organisées par le Collège des Temps, ces rencontres permettent à plusieurs générations de chercheurs et d’artistes de se retrouver autour de la figure et de l’œuvre de ce métaphysicien majeur. https://lecollegedestemps.fr/

« […] un moment vient toujours où le prophète – ou le devin ou l’expert – ne peut poursuivre sa tâche sans tenter de renouveler le vocabulaire gnostique dont il dispose. Car ce vocabulaire ne sera plus entendu sur la terre nouvelle et sous les cieux nouveaux qu’il prétend annoncer. […] Mais il reste que créer une thématique nouvelle est une entreprise téméraire : les mots que nous inventerons peuvent n’être pas compris – et ils peuvent apparaître anachroniques demain. Si l’on s’y risque malgré tout, ce doit être en avouant tout net l’artifice et la fragilité de la construction : non point pour courir la chance d’une confirmation douteuse, mais pour susciter en soi-même le dépaysement indispensable à tout voyage dans un avenir lointain. »

Jean-Charles Pichon

Le dieu du futur

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