Moins étudié que le vampirisme, la lycanthropie n’en est pas moins un thème qui traverse les siècles et flirte avec les mondes traditionnels, notamment populaires. Le loup-garou fit son entrée au cinéma après avoir, des siècles durant, peuplé nos imaginaires.
Comme pour le vampirisme, la lycanthropie, tout aussi ambivalente, oscille de la superstition aux enseignements magiques ou alchimiques codés. Les folklores, qui conservent certaines traces d’anciennes traditions, préservent ainsi des éléments de connaissance.
Si les études vampiriques ne manquent pas, la littérature consacrée à la lycanthropie est beaucoup moins riche. Les trois rares essais anciens rassemblés ici présentent donc une importance particulière. Nous ne savons rien de leurs auteurs qui sont tous de la charnière entre le XVe et le XVIe siècles.
Les traités sont intitulés :
Dialogue de la Lycanthropie ou transformation d’hommes en loup, vulgairement dits Loups-garous, et si telle se peut faire (1596) par Claude Prieur.
Discours de la lycanthropie, ou De la transmutation des hommes en loups (1599) par Jean Beauvois de la Chauvincourt.
De la lycanthropie, transformation et extase des sorciers, où les astuces du diable sont mises tellement en évidence, qu’il est presque impossible, voire aux plus ignorants, de se laisser dorénavant séduire (1615) de Jean Nynauld.
Bien entendu, le contexte catholique et inquisitorial de l’époque impose un regard biaisé sur le phénomène. Les liens avec la sorcellerie et le satanisme sont établis d’emblée et servent au procès des survivances de traditions préchrétiennes. Mais, comme toujours, les adversaires fournissent des éléments d’informations sur ce qu’ils combattent.
Le volume, à travers ces trois traités en fac-similé, présente un double intérêt. Il permet de mieux connaître le modèle du monde, croyances, critères, valeurs et stratégies de ceux qui dénoncent la lycanthropie comme diabolique. Il permet aussi, de recueillir avec prudence quelques informations sur des traditions anciennes dont nous trouvons encore des traces loin de l’Europe.
Au tout début de ce livre, le lecteur appréciera un choix d’anciennes et belles illustrations relatives à la Lycanthropie dont la gravure de Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) qui orne la couverture de l’ouvrage.
Source : La Lettre du Crocodile