La découverte de la tombe de saint Pierre en 1956, sous la basilique vaticane à Rome, est l’une des découvertes archéologiques les plus importantes du siècle dernier.
Margherita Guarducci, éminente archéologue et épigraphiste italienne, identifia la tombe de l’apôtre dans une vaste nécropole romaine située sous la basilique Saint Pierre. Dans ce livre, elle raconte cette découverte exceptionnelle mais également revient sur la vie romaine de Pierre jusqu’à son martyr et son enterrement au Vatican. Avant cette découverte, et sa confirmation, la tradition romaine qui évoquait l’enterrement de Pierre à Rome, avait été maintes fois contestée ou ignorée, par Luther entre autres. L’étude des textes et l’archéologie permettent, dit-elle, « d’expliquer ce qui est connu avec certitude et de clarifier autant que possible ce qui est obscur, en cherchant à combiner la précision scientifique la plus scrupuleuse avec la simplicité d’expression. »
Elle commence par nous rappeler les témoignages des auteurs antiques. La plupart des textes confirment la venue de Pierre à Rome et son martyr sous le règne de Néron. Plus encore, ils indiquent « l’existence de sa tombe exactement à l’endroit où la piété des fidèles l’a recherchée et vénérée pendant tant de siècles ».
Puis, elle nous emmène dans « Le Vatican des temps anciens », très difficile à imaginer aujourd’hui. Elle réussit pourtant, notamment à partir des fouilles, à donner vie à ce premier Vatican.
La partie de l’ouvrage la plus impressionnante est la véritable enquête épigraphique que Margherita Guarducci a dû mener dans le complexe souterrain de la basilique, pour découvrir la tombe de saint Pierre, ou confirmer son emplacement.
« En étudiant le problème de la localisation de la tombe de Pierre, explique-t-elle, nous trouvons une troisième voie, celle des inscriptions, qui se joignent au témoignage éloquent des auteurs anciens et des fouilles. C’est une voix que nous devons écouter avec la plus grande attention car les inscriptions sont généralement des témoins précieux qui nous apportent l’écho direct et vivant des événements passés. Dans ce cas, il s’agit d’inscriptions inscrites dans l’Antiquité, sur divers murs de la nécropole du Vatican, par les fidèles. Presque toutes appartiennent à la catégorie que les chercheurs appellent "graffiti ", c’est-à-dire des inscriptions grattées avec un instrument pointu sur une surface appropriée. »
Certains de ces graffitis utilisent des systèmes cryptographiques.
« Il s’agit, nous dit-elle encore, du système mis en place par l’Eglise pour garder secrètes certaines vérités de la Foi et certaines actions liturgiques (notamment celles du Baptême et de l’Eucharistie) aux yeux des non-initiés, sous le voile de la réserve et du silence, car on croyait qu’un apprentissage progressif était plus utile qu’une révélation soudaine. A mesure que nous approchons du IVe siècle, le désir de secret devient plus vif et prend une forme particulière. »
Nous le voyons, au-delà de la découverte historique, si importante soit-elle, ce livre nous permet d’approcher au plus près des usages et des croyances des chrétiens des premiers siècles. Dès le début du IIe siècle, des chrétiens étaient persuadés que Pierre avait été enterré sur la colline du Vatican.
La véritable enquête minutieuse conduite par Margherita Guarducci et ses équipes aboutit à des conclusions tout à fait certaines. D’autres points restent à élucider. Ce livre, passionnant, constitue une synthèse réussie de sa publication scientifique en trois volumes : I graffiti sotto la Confessione di san Pietro in Vaticano.
Source : La Lettre du Crocodile