Le manuscrit étonnant du Révérend Robert Kirk (1644 – 1692) date de 1691. Il fut publié en 1815 à une centaine d’exemplaires. Cette édition reprend la publication de 1896, plus connue.
Dans sa préface, le traducteur Rémy Salvator nous donne quelques informations sur ce travail. Tout d’abord, le titre original était fort long : La République mystérieuse ou Traité montrant les principales curiosités telles qu’on les voit encore de nos jours parmi diverses gens du peuple d’Ecosse, singularités pour la plupart propres à cette nation. Le Révérend complète par : Sujet traité jusqu’ici par aucun de nos écrivains, et tenté cependant à titre d’Essai, pour supprimer l’impudent et croissant athéisme de ce temps, et pour satisfaire au désir de quelques amis de choix. Il développe encore : Essai sur la nature et les actes des êtres souterrains (et pour la plupart) invisibles, connus sous le nom d’Elfes, Faunes, Fées ou autres semblables, chez les Ecossais des basses terres, tels qu’ils sont décrits par ceux qui possèdent la Seconde Vue ; et maintenant recueillis et comparés pour donner lieu à de nouvelles enquêtes, par un investigateur circonspect, demeurant parmi les Ecossais-Irlandais, en Ecosse.
Il s’agit donc pour Robert Kirk d’un projet sérieux, d’une enquête qu’il veut rigoureuse et à poursuivre. Déjà présentes dans la littérature anglaise au XIVe siècle, les Fées vont et viennent dans l’art et la littérature, (ainsi chez Shakespeare à la charnière des XVIe et XVIIe siècles) mais ne disparaissent jamais, tout comme les autres catégories d’êtres invisibles, des traditions. La mort de Robert Kirk suscita un mystère relevé par Walter Scott. On le dit non pas décédé mais captif dans le pays des Fées dont il avait révélé l’existence, suscitant la colère de ces êtres qui peuvent parfois se révéler malfaisants, selon le Révérend.
Ce petit livre rend compte d’un modèle du monde traditionnel qui semble fort éloigné du nôtre à l’heure des algorithmes mais qui cependant continue de nourrir nos imaginaires et des traditions locales. Il explore les visions, certes marquées culturellement, de ceux qui observent ou perçoivent un autre monde superposé ou croisé au monde habituel. Il dresse un catalogue des membres du Petit Peuple et cherche à les qualifier en fonction des témoignages reçus, particulièrement ceux de Lord Talbott qui lui-même chercha à rassembler des informations ou anecdotes sur ce sujet.
Source: La Lettre du Crocodile