La réalité est un concept à géométrie variable

L’ouvrage de Gilles Farcet est rédigé à la troisième personne. C’est un livre de sagesse, sagesse de celui qui a beaucoup œuvré sur les chemins de la spiritualité, et sagesse du simple quotidien accumulée au fil des ans.

C’est un livre impersonnel et intime, de cette intimité qui justement se livre quand il n’y a plus personne, quand le monde devient structure d’enseignement au-delà des projections conditionnées.

« Il avait fait sa part, tant bien que mal, en cela qu’il n’avait jamais abdiqué son intention de déploiement. Sur ce point, il n’avait consenti à aucun compromis.

Pour le reste, il s’était souvent égaré, avait fait quelques chutes, s’était rudement écorché. Il avait tâtonné dans le noir, comme tout un chacun, peut-être plus souvent qu’à son tour. Il s’y était souvent pris comme un manche, avait parfois manqué à ses obligations. Il avait souffert et fait souffrir, sans le vouloir, par manque de consistance. 

Mais il avait persisté dans sa secrète détermination à servir le tout en s’accomplissant.

Et le tout, de guerre lasse sans doute, avait fini par le lui rendre. »

 

L’incertain, l’imparfait, l’inconsistant, l’éphémère… ont fini par s’intégrer en une harmonie nouvelle.

« Chaque instant était un miracle, chaque respiration un don inouï, chaque petit plaisir une bénédiction.

Rien n’était dû, jamais.

Tout était accordé par une sidérante grâce.

Il était heureux et n’en revenait pas.

Il n’avait aucune intention d’en revenir.

Il s’éveillait chaque nuit et titubait vers les toilettes bluffé d’être encore en vie, de ne pas être malade, d’être là où il était et d’être qui il était et aussi avec qui il était. Avec le Tout et avec l’amour dans le train duquel il était monté à son passage en ville. »

De très beaux passages font voie, sur la prière notamment, sur la tranquillité, sur le simple fait d’être vivant. Gilles Farcet écrit sans enjeu, libre des regards, au plus près de sa nature véritable. C’est pourquoi, ses mots nous semblent familiers. Cette forme de récapitulation libère des accumulations. Ne reste que l’être, l’être heureux.

« Car il fallait que l’être heureux advienne à maturité afin de se manifester dans sa qualité intrinsèque et axiale : la compassion. »

Source: La Lettre du Crocodile

 

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