La mixité maçonnique est-elle inéluctable

C’est un excellent livre sur un sujet qui reste délicat. Brigitte Bouyssou aborde avec beaucoup d’intelligence, d’ouverture d’esprit et de nuances les questions autour de la place des femmes en Franc-maçonnerie.

La question posée dans le titre de l’ouvrage est reformulée dans les premières lignes : « la Franc-maçonnerie, de façon plus générale, va-t-elle devenir inexorablement et entièrement mixte ? ».

Afin de mieux comprendre la question, et non d’y répondre formellement, Brigitte Bouyssou commence par examiner le contexte historique de la naissance de la Franc-maçonnerie spéculative et des préjugés religieux ou culturels sur les femmes qui laissent alors, et pour longtemps, les femmes à la porte des loges.

Elle rappelle ensuite le chemin chaotique vers la mixité depuis les salons, puis les sociétés androgynes maçonniformes jusqu’aux loges d’adoption qui précéderont une véritable mixité maçonnique. Elle note que ces loges d’adoption furent « un tremplin exceptionnel en faveur d’une authentique émancipation des femmes ».

Le sujet de la mixité maçonnique est en réalité celui de la pleine initiation des femmes. Ce sont Maria Deraismes et Georges Martin qui vont conduire ce combat dans l’aventure parfois confuse qui aboutira à la naissance du Droit Humain, à la fin du XIXème siècle. Un demi-siècle plus tard viendra une Franc-maçonnerie strictement féminine.

De manière très pertinente, Brigitte Bouyssou se tourne vers le terrain pour recueillir des témoignages favorables ou défavorables à la mixité ou au modèle monogenre. Elle peut ainsi lister les avantages et les inconvénients des deux situations tels qu’ils sont perçus par ceux-là mêmes qui les traversent, ouvrant ainsi vers des critères de choix argumenté en fonction du projet maçonnique et initiatique retenu ou envisagé et de la sensibilité de chacun.

Mais, conclut-elle, la mixité maçonnique pourrait déjà être dépassée face à l’éclatement des catégories de genre que nous pouvons appréhender dans le sigle LGBTQIA+. Cette complexité, cette richesse, nécessiterait une nouvelle étape autour de la notion d’agapé :

« Nous avons proposé une définition de la mixité maçonnique qui transcende par l’agapé fraternelle les frontières séparant les genres. Cette même agapé, nous semble-t-il, peut constituer un ciment suffisamment solide pour unir, dans une même quête initiatique, des frères et des sœurs ne se reconnaissant plus dans la simple dualité féminine/masculine. »

 

Source: La lettre du Crocodile

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