La Source Suprême. Le tantra fondamental du Dzogchen Semdé

Le Künjé Gyalpo est un traité particulièrement important de la tradition du Dzogchen qui évoque le chemin de la dualité à la non-dualité. Chögyal Namkhai Norbu a contribué largement à la diffusion et la compréhension du Dzogchen en Occident. Son commentaire est des plus précieux.

La première partie de l’ouvrage est une synthèse présentant les origines, l’histoire et la spécificité du Dzogchen considéré comme la finalité, le terminal des traditions bouddhistes et plus largement de toutes les traditions puisqu’il vise au « retour » à l’état primordial, à l’Absolu, par les voies les plus directes possibles.

La deuxième partie rassemble des enseignements oraux de Chögyal Namkhai Norbu, alors qu’il donnait en 1977 et 1978 la transmission et le commentaire du Künjé Gyalpo en Sardaigne. Norbu commente les points essentiels des quatre-vingt-quatre chapitres du traité.

La dernière partie de l’ouvrage est une sélection d’extraits du Künjé Gyalpo destinés à faire saisir au lecteur l’essentiel de cet enseignement.

 

La terminologie utilisée est celle du bouddhisme, cependant le Dzogchen s’intéresse aux principes plutôt qu’aux périphéries culturelles, il délivre ainsi un enseignement qui transcende les formes traditionnelles.

« Par contre, dans le Dzogchen, la chose la plus importante est de comprendre le principe, la fonction et la vraie signification de l’initiation. Que la connaissance soit transmise par une initiation formelle comme dans le Mahâyoga ou l’Anuyoga ou que la nature de l’état primordial soit introduite directement comme dans le Dzogchen, le but est toujours de permettre au bénéficiaire de comprendre la vraie condition de l’état de conscience. »

Saisir que « la vraie initiation est la connaissance de l’état de conscience » conduit à ne plus courir après les formes extérieures pour se consacrer à l’approfondissement permanent.

S’extraire des identifications à l’objet, des concepts, des discours, des efforts, des causalités, des oppositions dualistes, des temporalités, des séparations… c’est reconnaître la « Conscience pure et totale ». « La Conscience pure et totale de chaque être des trois mondes sans exception est le véritable maître. Pour ceux qui, après des centaines et des milliers de kalpas, n’ont pas compris que leur propre esprit est le maître, moi, la Source suprême, me manifeste comme le maître de leur esprit : écoute cet enseignement ! » La spécificité et la force du Künjé Gyalpo réside dans sa construction en miroirs multiples de la « Conscience pure et totale », seul sujet du traité à travers les quatre-vingt-quatre chapitres qui sont autant de regards sur celle-ci.

« La voie, précise le traité, est le fondement pour atteindre le but en suivant un processus graduel et le moyen d’atteindre un niveau de stabilité. Cependant puisque la condition essentielle n’est pas le but d’une voie elle n’est pas atteinte en suivant un processus graduel. »

Les paradoxes nombreux sont autant d’accès directs à la Source Suprême, autant d’opportunités de s’installer dans la pure présence, état naturel inaltéré. Le traité maintient en état d’alerte face au jeu dualiste.

« L’état de Künjé Gyalpo, rappelle Norbu, est connaissance. Et dans la connaissance il n’y a pas même le concept de

« un et deux », avec lequel nous serions déjà dans le dualisme. »

Le traité énonce :

« Mon état ne peut être trouvé par des indications verbales ou écrites, il ne peut être établi par des justifications logiques ou des définitions. N’étant jamais né, il ne peut cesser. Il ne peut être ni augmenté ni diminué. Il n’est pas doté de caractéristiques conceptuelles, mais même cette négation ne peut le définir. »

Si ce livre, par sa formulation, s’adresse en priorité aux bouddhistes, par son enseignement essentiel, il concerne tout chercheur qui comprend l’initiation comme saisissement non-duel.

 

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